Le Président de transition somalien a échappé, lundi à Baidoa, à un « attentat suicide » à la voiture piégée. Les explosions auraient fait 11 morts, dont six parmi les assaillants, et « de nombreux » blessés. Le ministre de la Défense estime que les attaques portent la griffe d’Al Qaeda, alors que son homologue de l’Intérieur estime qu’il est trop tôt pour établir des responsabilités.
Il s’en est fallu de peu. Alors qu’il quittait le parlement pour rejoindre la présidence, le chef de l’Etat de transition somalien a été la cible, lundi à Baidoa, d’un attentat suicide. « L’attaque était un attentat suicide à la voiture piégée contre moi. La première voiture a explosé à environ 300 ou 500 mètres de la voiture dans laquelle je me trouvais. (…) La voiture piégée a heurté la première voiture du convoi et l’explosion d’une boule de feu a atteint ma voiture, me contraignant à changer de véhicule immédiatement. C’est alors qu’une autre bombe a explosé. C’est la première fois qu’un attentat suicide se produit en Somalie », a expliqué le Président Abdullahi Yusuf Ahmed, selon les propos rapportés par son porte-parole, Abdirahamn Mohamed Nur Dinari. Selon des témoins une quinzaine de minutes auraient séparé les deux déflagrations.
11 morts, « de nombreux » blessés
Bilan de l’attaque : 11 morts et « de nombreux » blessés – 18 d’après la BBC – dont certains dans un état critique. D’après le porte-parole gouvernemental, trois gardes du corps ont péri, ainsi que trois civils, dont Adulsalam Yusuf Ahmed, l’un des jeunes frères d’Abdullahi Yusuf Ahmed. Les cinq autres morts sont survenues dans le camp des assaillants, suite à des combats avec les gardes présidentiels. Un échec pour les instigateurs de ces attaques, puisque, de l’avis des autorités, l’objectif était de « tuer le Président ».
Le ministre de la Défense, au cours d’une conférence de presse à Nairobi, a estimé que les explosions portaient la marque du réseau terroriste Al Qaeda. « C’était typiquement un attentat du style d’Al Qaeda (avec) un véhicule placé à côté d’autres véhicules et une explosion provoquée à distance », a indiqué Ismaïl Mohamed Hurre. En juillet dernier, le Premier ministre Ali Mohamed Gedi, ressorti indemne de deux tentatives d’assassinat en 2005 à Mogadiscio et Jowhar, avait d’ailleurs déclaré qu’Oussama Ben Laden avait des camps d’entrainement en Somalie et planifiait plonger le pays dans le chaos.
Selon Ismaïl Mohamed Hurre, le gouvernement considère que les auteurs des attentats sont les mêmes que ceux qui ont tué une religieuse italienne dimanche. « A ce stade, je n’accuse personne, mais il y a des gens qui ont proclamé qu’ils allaient combattre l’IGAD (force de paix régionale de l’Autorité intergouvernementale de développement, ndlr), et la Somalie est membre de l’IGAD », a-t-il ajouté. Une référence directe à l’Union des tribunaux islamiques, qui contrôle Mogadiscio et une grande partie du pays, qui n’accepte pas le déploiement de cette force, adopté le 13 septembre par l’Union Africaine.
Risques de regain de tension
Son homologue de l’Intérieur, Hussein Mohamed Farah Aïdid, a expliqué à la chaîne de télévision arabe Al-Jazira qu’« il est trop tôt pour désigner qui que ce soit ». Il a par ailleurs déclaré que deux personnes avaient été arrêtées dans le cadre des attentats. Attentats que les tribunaux islamiques condamnent et dont ils récusent la responsabilité. « J’accuse des parties étrangères, et en particulier l’Ethiopie, parce qu’elle cherche à envoyer des soldats (en Somalie) et à justifier sa position aux Nations Unies », a commenté le dirigeant islamiste Sharif Ahmed à Al-Jazira.
Alors que le représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour la Somalie, François Lonseny Fall, a condamné, lundi, les attaques, d’aucuns craignent un regain de tension dans le pays très instable. Le ministre de la Défense a annoncé que « cela compromettra le processus de paix s’il s’avère que les islamistes sont derrière l’attaque terroriste ». Mais il précise que le dialogue reste toujours ouvert avec les « éléments modérés » des islamistes.
Le 28 juillet dernier, le ministre des Affaires fédérales et constitutionnelles a eu moins de chance que le Président Abdullahi Yusuf Ahmed et le Premier ministre Ali Mohamed Gedi. Abdallah Isaaq Deerow avait alors été abattu devant une mosquée de Baidoa.