Les violents combats entre l’armée éthiopienne et les insurgés touchent à leur fin. Depuis le 17 avril, date du déclenchement de l’offensive éthiopienne, Mogadiscio est à feu et à sang. L’offensive a atteint son paroxysme hier et s’est soldée par un relatif succès militaire des troupes d’Addis-Abeba qui soutiennent l’installation du gouvernement fédéral de transition somalien.
Coriace, les Tribunaux Islamiques formés de membres soupçonnés d’appartenir à Al-Qaïda et soutenus par diverses obédiences claniques ont résisté mordicus aux assauts répétés de la coalition somalo-éthiopienne en présence des casques verts de l’Union Africaine, spectateurs du conflit. Hier, le contingent éthiopien a annoncé avoir repris les positions des insurgés après une journée de pilonnage intense.
Pendant dix jours, Mogadiscio a été le sombre théâtre d’âpres combats urbains ininterrompus qui ont ravagé la ville et tué de nombreux civils. La situation humanitaire a gravement empiré. Pour John Holmes, coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, « il s’agit de la pire situation depuis quinze ans », tout en rappelant que l’accès à Mogadiscio est bloqué depuis plusieurs semaines. Selon le bilan partiel de l’ONG Human Rights organisation, près de 400 civils ont été tués. Le nombre total de personnes ayant quitté la capitale s’élève à 320000, soit un tiers des habitants.
Beaucoup ont trouvé refuge dans la région d’Afgooye, à 30 km à l’Ouest ainsi que dans les provinces voisines. L’emploi largement généralisé d’arme lourde (chars et batteries d’ artillerie) a causé des dégâts considérables et a rendu la ville exsangue.
Mogadiscio échappe toujours au contrôle du gouvernement
Le premier ministre de transition somalien, Ali Mohamed Gedi, qualifie les insurgés de « combattants d’Al-Qaïda » et, avec l’appui des puissances occidentales, entend bien éradiquer ces rebelles. Au lendemain de l’offensive ultime, les ruelles désertes de Mogadiscio sont patrouillées par les troupes éthiopiennes qui traquent les insurgés rescapés et multiplient les arrestations. Selon M. Gedi, les combats contre « les insurgés d’Al-Qaïda sont pratiquement terminés », a-t-il déclaré à l’AFP.
Toutefois, l’instauration d’un gouvernement sur les cendres de ce champ de bataille semble peu envisageable pour le moment. Incontrôlable, la capitale échappe à toute mainmise gouvernementale. La loi des clans et la vindicte des tribunaux Islamiques, largement soutenus par la population, fait barrage aux multiples tentatives du gouvernement central de reprendre possession du pays. Avec l’appui financier des commerçants de la ville, l’Union des Tribunaux islamiques avait chassé les seigneurs de guerre et pris le contrôle de la capitale en juin 2006. Les islamistes étaient parvenus à rétablir l’ordre en mettant en vigueur la Charia.
L’armée éthiopienne, à la rescousse d’un gouvernement somalien sans autorité et contraint à l’exil, est intervenue fin 2006 pour chasser ces « fous de dieu » qui menacent la région frontalière de l’Ogaden où vit un large communauté de somalis musulmans. Comme les enlèvements des sept Chinois cette semaine dans la région l’illustre : la lutte contre le terrorisme s’enlise et patauge. La Somalie deviendra-t-elle un afghanistan bis ?