Les miliciens des tribunaux islamiques affirment avoir investi les derniers quartiers de Mogadiscio qui échappaient à leur contrôle. Ils ont chassé les deux chefs de guerre qui leur tenaient tête, au terme de combats à l’arme lourde ayant fait au moins une vingtaine de morts. Mais il semble que les leaders défaits ne s’avouent pas vaincus.
« Nous avons remporté les combats qui ont débuté à Mogadiscio ce matin. Nous contrôlons désormais la totalité de la ville après avoir remporté les derniers quartiers contrôlés par Abdi Hassan Awale Qeydiid », a déclaré dimanche à l’AFP Mukhtar Robow, secrétaire adjoint chargé de la défense au sein du conseil suprême islamique de Somalie. Les milices des tribunaux islamiques sont donc parvenues à chasser les combattants défendant Hussein Aïdid, le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’intérim basé à Baidoa, et ceux protégeant Abdi Awale Qaybdiid, l’un des fondateurs de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme.
Les islamistes contrôlent Mogadiscio et trois régions et demie
Depuis vendredi, la résidence de Abdi Awale Qaybdiid était encerclée par les islamistes. Les affrontements ont commencé dimanche à l’aube et le soir on pouvait entendre des tirs sporadiques. Conduits à l’arme lourde, ils ont poussé des habitants à fuir pour se protéger. Un missile s’est même écrasé sur un camp de réfugiés, blessant une femme enceinte et sa fille de trois ans, selon Reuters. Au final, les heurts ont fait une vingtaine de morts et entre une dizaine et des centaines de morts, qui arriveraient par camionnettes aux hôpitaux.
Difficile de faire un décompte exact, d’autant que, d’après un milicien des tribunaux islamiques interrogé par l’AFP, « les islamistes ne relèvent pas leurs pertes lors des combats ». Ces combats, auxquels aurait participé Abdi Awale Qaybdiid, sont les plus meurtriers depuis que les tribunaux islamiques ont investi, le 5 juin, la quasi-totalité de la capitale somalienne. Les islamistes comptent maintenant sous leur contrôle Mogadiscio, mais aussi trois régions et demie des 18 qui composent le pays.
Les deux chefs de guerre toujours prêts à en découdre
Alors que le cheikh Hassan Dahir Aweys, leader des islamistes, estime que cette guerre « fait partie de la guerre contre le terrorisme », ses adversaires ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Si on rapporte que leurs membres ont fui après la déroute, ils seraient toujours d’attaque. « Nos forces les combattent et continueront de se défendre », a expliqué à Reuters Abdi Awale Qaybdiid. « Ils ont pris une de nos bases (…) dans l’Ouest de Mogadiscio, nous la tenions depuis quinze ans (…) nous n’abandonnerons pas », a assuré au même média Hussein Aïdid. De nouveaux affrontements sont alors peut-être à prévoir. Mais les maîtres de Mogadiscio, soupçonnés d’avoir des liens avec le réseau terroriste Al-Qaida et de bénéficier du soutien de milices étrangères, ont refusé l’envoi de troupes africaines proposé par le Président par intérim Abdulahi Yusuf pour pacifier la situation.
Ce regain de violence intervient alors qu’une femme et un homme ont été abattus, mardi, dans une ville du Centre de la Somalie, parce qu’ils regardaient le match de football opposant l’Allemagne à l’Italie, l’ancienne puissance coloniale. Les auteurs des crimes ont été arrêtés et devraient être jugés selon la charia (loi islamique), sous laquelle ils peuvent écoper de la peine de mort. Depuis que les islamistes dirigent la principale ville du pays, la musique est par ailleurs interdite dans les mariages.