Somalie : « Les islamistes sont plus préoccupés par la guerre que par les otages »


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L’intervention militaire au Nord-mali et la tentative de libération échouée de l’otage français Denis Allex en Somalie ont, ces derniers jours, marqué l’actualité politique en France, voire dans le reste du monde. En effet, le message des ravisseurs somaliens posté lundi sur internet et dans lequel ils déclarent : « François Hollande, cela valait-il la peine » a suscité de vives polémiques au sein de l’opinion publique française. Contactée par Afrik.com, Lydie Boka, spécialiste de la Corne de l’Afrique, nous explique que les islamistes sont en ce moment plus préoccupés par l’intervention française au Nord-Mali que par le sort des otages.

François Hollande, le président mou, comme l’appellent certains de ces détracteurs a, semble-t-il, troqué sa blouse de président normal pour engager son pays dans une bataille qu’il compte bien remporter. La double bataille entre des djihadistes de l’Ouest et des ravisseurs de l’Est dans le continent africain pourrait éventuellement changer la donne. De plus en plus bas dans les sondages en raison d’une sévère crise économique dans laquelle est plongé le pays, exacerbée par une montée en puissance du taux de chômage, l’actuel président français cherche à se racheter sur le terrain politique. Aujourd’hui, même si l’on connait les raisons de l’intervention militaire dans le Nord-Mali, la dernière opération lancée en Somalie reste encore très floue. Mais alors, que s’est-il réellement passé ?

Retour sur les circonstances de l’opération

La DGSE (Direction Générale de Sécurité Extérieure) a en effet voulu libérer l’otage français Denis Allex, un de leurs agents, détenu par les rebelles Shebab depuis le 14 Juillet 2009. L’opération qui aujourd’hui alimente la chronique dans les médias français a été menée dans la nuit de vendredi à samedi. Elle a selon certains été préparée de longue date. Alors que les négociations avec les islamistes tardaient à donner les résultats escomptés, François Hollande a alors pris la décision de lancer une opération spéciale afin de libérer l’otage.

Pendant des mois, bien avant Noël, les troupes probablement venues des bases françaises d’Abu Dhabi et de Djibouti ont été privées de toutes communications y compris avec leurs familles. La date de l’opération a minutieusement été choisie en fonction de la marée et de la météo mais surtout de la lune afin d’offrir une visibilité optimale aux soldats. Composé d’au moins cinq hélicoptères et de plusieurs dizaines de commandos, le commando du COS (Commandement des opérations spéciales) est parti d’une flotte française en pleine mer. Les commandos ont été déposés dans la plus grande discrétion, dans la province de Gedo, à quelques kilomètres du lieu supposé de détention de l’otage français Denis Allex.

Les militaires français auraient par hasard croisé la route des miliciens Shebab, ce qui aurait permis à ces derniers d’être avertis et de se préparer en conséquence. Face à une résistance très coriace de la part des combattants islamistes alertés par la population, les forces françaises ont finalement échoué à libérer Denis Allex. Des sources officielles provenant du Ministère français de la Défense font état d’une résistance plus forte que prévu. Le gouvernement français confirme par ailleurs la mort de dix-sept terroristes.

Qu’en est-il de Denis Allex ?

Aujourd’hui, c’est d’autant plus la mort de deux des soldats que le sort de l’otage français qui tiennent l’opinion publique française en haleine. Le sort de Denis Allex reste toujours incertain et selon des sources officielles, tout laisse à penser que ce dernier serait aussi abattu par ses geôliers. Les avis fusent de partout et l’incertitude sur les disparus continuent de gagner les cœurs. Les photos des victimes postées lundi sur Tweeter par les rebelles shebabs restent un signal très fort adressé au président français. La France est-elle réellement entrée en guerre ? En tout cas, tout laisse à le croire.

Interrogée par Afrik.com concernant le sort des autres otages français détenus par les islamistes en Afrique, Lydie Boka, spécialiste de la Corne de l’Afrique, nous livre son opinion : « Je ne pense pas que l’échec de l’opération militaire en Somalie puisse aggraver la situation des autres otages détenus par les islamistes dans le continent. Les islamistes sont plus préoccupés par la guerre au Mali, particulièrement en Afrique de l’Ouest, que par les otages. »

L’échec de l’opération en Somalie constitue une défaite morale pour le gouvernement de François Hollande, lequel souhaite à tout prix remporter ce bras-de-fer contre les islamistes. Huit otages français sont en ce moment détenus en Afrique et certains experts français dont Louis Caprioli, le responsable de la lutte anti-terroriste à la Direction de la Sureté du Territoire (DST) prévoit déjà de sérieuses menaces pour la France à l’intérieur et à l’extérieur de son territoire.
Le risque de cette intervention est de taille et la question reste celle-ci : la France ne risque-t-elle pas de s’embourber dans le guêpier somalien ?

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