Le bras de fer continue entre le Président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, et son Premier ministre, Mohamed Hussein Roble. Ce dernier a été suspendu, ce lundi par le Président.
Dans la nuit du dimanche à ce lundi 27 décembre, le Président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed dit Farmaajo a rendu public un communiqué dans lequel il suspend son Premier ministre, Mohamed Hussein Roble, accusé de corruption. « Le Président a décidé de suspendre le Premier ministre, Mohamed Hussein Roble, et de mettre fin à ses pouvoirs à partir du moment où il est lié à la corruption », lit-on dans le communiqué. Le bureau du Président Farmaajo accuse le Premier ministre d’interférences dans une enquête ouverte par l’armée sur une affaire d’accaparement de terres.
Ce communiqué fait suite à une prise de position publique du Premier ministre contre le Président au sujet de la question électorale dans le pays. Dimanche, Mohamed Hussein Roble avait, en effet, accusé le Président qui lui avait retiré la charge de l’organisation des élections, de torpiller le processus électoral. Il sied de rappeler que depuis plusieurs mois, la collaboration est devenue très difficile entre le Président Farmaajo et son Premier ministre.
Deux raisons essentielles justifient la situation de crise entre les deux hommes. Il y a d’abord la décision prise, en avril dernier, par Mohamed Abdullahi Mohamed dont le mandat arrivait à expiration deux mois plus tôt (en février) de s’octroyer avec la bénédiction de la chambre basse du Parlement une rallonge de deux ans. Contrairement à ce que prévoit le processus législatif dans le pays, le vote de cette loi de prorogation du mandat présidentiel n’a pas été soumis, à la chambre haute du Parlement dont le président l’avait jugée anticonstitutionnelle.
La deuxième pomme de discorde entre Farmaajo et Roble tient à la disparition, en juin dernier, d’Ikran Tahlil Farah. Alors âgée de 25 ans, cette spécialiste en cybersécurité au sein de l’Agence nationale de renseignement de Somalie avait été kidnappée près de son domicile à Mogadiscio, torturée puis assassinée. Le Premier ministre a remis en cause la crédibilité de l’enquête menée par les responsables de l’Agence pour laquelle travaillait la jeune dame, et a limogé coup sur coup le directeur de l’Agence, un proche de Farmaajo, puis le ministre en charge de la Sécurité. Décisions immédiatement attaquées par le Président Mohamed Abdullahi Mohamed.