Le destinataire final de la cargaison du Faina, le cargo ukrainien arraisonné jeudi dernier par des pirates somaliens demeure toujours inconnu. Alors que les pirates et la marine américaine affirment que le bateau chargé de chars d’assaut et d’armes avait pour but le Sud-Soudan, Kiev, Nairobi et l’armée de la région semi-autonome soudanaise démentent formellement.
« Nous confirmons que ces armes n’appartiennent pas au gouvernement du Kenya, mais aux autorités de la région semi-autonome du Sud-Soudan », a déclaré mardi à l’AFP, Sugule Ali, le porte-parole des pirates somaliens. Par cette déclaration, il a semé le trouble pour la deuxième fois dans les eaux somaliennes.
Nairobi et Kiev nient formellement cette information, affirmant que la transaction devait bien avoir lieu dans le cadre d’un contrat de vente entre le Kenya et l’Ukraine. Un contrat effectué par la société d’Etat ukrainienne Ukrspetsexport. L’armée de la région semi-autonome du Sud Soudan a elle aussi démenti dans un communiqué les dires du pirate somalien.
Le bateau ukrainien qui a été arraisonné dans la journée de jeudi au large des côtes somaliennes alors qu’il se dirigeait vers le port de Mombasa (sud-est du Kenya) avec à son bord dix-sept Ukrainiens, trois Russes et un Letton, transporte trente-trois chars d’assaut T-72 de fabrication soviétique ainsi que de nombreuses armes lourdes.
De quelle source proviennent les révélations des pirates? Difficile à dire. Un porte- parole de la Ve flotte américaine basée à Bahreïn avait affirmé la même chose la veille, lundi 29 septembre. « Nous avons des informations indiquant que le cargo et la cargaison étaient en route pour le Soudan » a déclaré le lieutenant Nathan Christensen, qui ne souhaitait pas en dire plus.
« Notre problème c’est les 20 millions de dollars »
Embarrassante pour Kiev, Nairobi et Khartoum, cette affirmation ne semble pas déranger pour autant les pirates. « Le propriétaire des armes n’est pas notre problème, notre problème c’est les 20 millions de dollars » exigés comme rançon pour relâcher le cargo et son équipage. Il semblerait pourtant que la marine américaine ait dû intervenir aujourd’hui avec le concours d’un hélicoptère. Elle a tenté d’empêcher les assaillants de décharger à terre la cargaison.
Quatre personnes seraient déjà mortes à bord du bateau depuis la prise d’otage : trois pirates ainsi que le capitaine russe Vladimir Kolobkov, d’une crise d’hypertension, selon un membre de l’équipage.
Selon le Bureau Maritime International (BMI) basé en Malaisie, il s’agit de la 61ème attaque de pirates au large des côtes somaliennes depuis le début de l’année 2008. Le Golfe d’Aden est devenu l’un des endroits les moins surs pour la navigation depuis le début de la guerre civile en 1991, conflit qui déchire la Somalie.
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