Le président du Parlement somalien, Sharif Hassan Sheikh Aden, a été démis de ses fonctions, mercredi, à Baïdoa, en raison de ses liens avec les tribunaux islamiques. Cette décision a été vivement critiquée par la communauté internationale, notamment l’Onu, qui la perçoit comme un refus du gouvernement à mener un dialogue politique.
Les parlementaires somaliens ont destitué, mercredi, le président du Parlement, Sharif Hassan Sheikh Aden par une motion adoptée par 183 voix pour et 9 contre, à Baïdoa, à 250 Km au nord-ouest de Mogadiscio, où siègent les institutions du gouvernement de transition. Il n’y a eu aucune abstention parmi les 192 des 275 parlementaires présents.
Cette destitution ne semble pas être une surprise car, depuis la mise en place, en 2004, des institutions de la Somalie, des dissensions opposaient M. Aden au Président somalien, Abdullah Yusuf et au Premier ministre, Ali Mohamed Gedi. Par ailleurs, l’ex-président du Parlement est accusé d’être trop proche des tribunaux islamistes. Cependant, son éviction est considérée par la communauté internationale comme un frein au dialogue politique en Somalie.
La destitution intervient alors que la communauté internationale fait pression sur le gouvernement somalien pour un dialogue politique incluant toutes les parties. Les Etats-Unis et les experts de la Somalie la désapprouvent car elle pourrait avoir un impact négatif sur le dialogue inter somalien, jugé indispensable pour sortir le pays de la guerre. L’envoyé spécial de l’Onu pour la Somalie, François Fall, a pressé, ce jeudi, le président somalien d’œuvrer à la réconciliation nationale. « On a toujours plaidé pour l’unité des institutions de la transition et on a toujours souhaité le dialogue entre tous les Somaliens », a affirmé à l’AFP, à Nairobi, François Fall, le représentant pour la Somalie du secrétaire général Ban Ki-moon.
La décision du Parlement a été perçue comme un refus du gouvernement à mener un dialogue politique, par l’organisation des Nations Unies qui considère Sharif Hassan Sheikh Aden comme un partisan du dialogue entre les factions somaliennes pour ramener la paix dans ce pays en guerre depuis 1991. Il est perçu comme un homme susceptible de faire le lien entre le gouvernement et les islamistes modérés. Il a conduit, en juin et en septembre, les délégations gouvernementales, lors de deux sessions de pourparlers de paix avec les tribunaux islamiques, qui avaient réussi à prendre le contrôle de plusieurs régions du pays. Mais, il a été jugé trop proche des islamistes.
Une destitution nécessaire pour le gouvernement somalien
« Remplacer le président du parlement est nécessaire parce qu’il a agi dans son coin et n’a pas participé aux sessions parlementaires ces quatre derniers mois » a expliqué une parlementaire, Sareedo Abdallah. « Le président du parlement est devenu un gouvernement à lui seul », a-t-elle déclaré à l’ AFP. M. Aden a été en opposition permanente avec MM. Gedi et Yusuf. Il est accusé d’être trop proche des tribunaux islamiques. De plus, il est lié à des hommes d’affaires de Mogadiscio qui ont financé les islamistes chassés de la capitale et du sud du pays à la fin de l’an dernier. Il a tenté à plusieurs reprises de négocier un accord de paix avec les rebelles sans l’aval du Président et du Premier ministre, provocant ainsi leur colère. Pour le gouvernement somalien, les agissements de M. Aden sont des actes en « totale violation de la chartre de la transition ».
Pour M. Aden, en déplacement en Europe depuis lundi, cette destitution est illégale, a rapporté Shabelle Media Network, qui l’a contacté par téléphone en Italie, mercredi. « Je pense que les parlementaires ont été contraint de voter contre moi. Cette session est illégale » a-t-il déclaré.