La Somalie connaît ce mardi son deuxième jour d’émeutes contre la vie chère et l’inflation. Lundi, la police a tiré à balles réelles sur les milliers de manifestants, faisant au moins un mort et plusieurs blessés. Les marcheurs dénoncent notamment que les commerçants n’acceptent pas le shilling somalien, fortement dévalué et contrefait. Pour juguler la crise, le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a annoncé la création d’une « nouvelle monnaie ».
Les « émeutes de la faim » frappent encore Mogadiscio. Pour le deuxième jour consécutif, ce mardi, des milliers de Somaliens sont descendus dans les rues de la capitale somalienne pour contester la hausse du prix des denrées alimentaires et l’inflation. Lundi, ils étaient entre 7 000 et 20 000 à manifester pour dénoncer la vie chère. Certains d’entre eux, armés de grenades ou de pierres, se sont attaqués à des vitrines et des autobus. La police, qui est intervenue en tirant directement sur les marcheurs, aurait fait entre un et cinq morts et plusieurs blessés.
Le lendemain de ce drame, les Somaliens se sont donné rendez-vous pour une nouvelle mobilisation. Quelque 10 000 manifestants ont défilé pour les victimes de lundi et contre l’augmentation des prix. Cette fois, les forces de l’ordre ont tiré en l’air pour disperser la foule, ont rapporté des témoins. Une foule à laquelle appartenait le leader religieux cheikh Mohamoud Abdulle. « Tout le monde se fiche des civils (…) et les commerçants nous font en ce moment encore plus de tort que les ennemis armés de la Somalie », a-t-il déclaré. Une allusion à la guerre qui oppose quasiment quotidiennement des insurgés islamistes au pouvoir et à leurs alliés éthiopiens.
« Nouvelle monnaie »
Depuis un an, le prix des céréales fortement augmenté, avec des étiquettes affichant de plus 110% à plus 375%. Le kilo de blé vaut ainsi aujourd’hui 18 cents d’euro contre 7 cents en janvier. Quant au sac de riz, il valait 16,7 euros il y a quatre mois, contre 30,6 euros actuellement. C’est dans ce contexte que les commerçants suscitent la colère des clients potentiels en privilégiant les transactions en dollars américains et en refusant de prendre les anciens billets de mille shillings somaliens – une monnaie dont les billets sont largement contrefaits et qui a presque perdu la moitié de sa valeur en quinze mois.
La situation n’est pas près de s’arranger, si l’on en croit les menaces de sécheresse. De quoi craindre que d’autres affamés rejoignent les quelque 2,6 millions de Somaliens dépendant de l’aide alimentaire des Nations Unies. Depuis janvier, ce nombre aurait d’ailleurs déjà augmenté de 40%. Afin de juguler la crise, le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a déclaré lundi, à Paris, qu’il prévoyait la création d’une « nouvelle monnaie ». La France a quant à elle annoncé qu’elle doublerait son aide alimentaire à la Somalie, qui passera à 7 millions d’euros en 2008.