Des soldats de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) ont abusé et exploité sexuellement des femmes et des jeunes filles somaliennes vulnérables dans leurs bases de Mogadiscio, dénonce l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch.
Des soldats de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) épinglés pour viol. Selon le dernier rapport de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, ils ont abusé et exploité sexuellement des femmes et des jeunes filles somaliennes vulnérables dans leurs bases de Mogadiscio. Selon le rapport de l’ONG intitulé « Le pouvoir que ces hommes ont sur nous : Exploitation et abus sexuels commis par les forces de l’Union africaine en Somalie », les soldats de l’AMISOM, s’appuyant sur des intermédiaires somaliens, ont eu recours à diverses stratégies, et notamment à l’aide humanitaire, pour contraindre des femmes et des jeunes filles vulnérables à avoir des rapports sexuels. Ils ont également violé ou sexuellement agressé des femmes qui venaient demander une aide médicale ou de l’eau dans leurs bases.
Toutefois les femmes et les jeunes filles qui viennent chercher de l’aide dans les camps de l’AMISOM de Mogadiscio le font au prix de risques importants, selon les conclusions de Human Rights Watch. Par exemple, fin 2013, Qamar, 15 ans, est allée à la base du contingent burundais pour obtenir des médicaments pour sa mère malade. Un interprète somalien lui a demandé de suivre deux soldats burundais pour avoir ces médicaments. Ils l’ont emmenée dans un coin isolé, et l’un des soldats l’a violée. « Il a commencé par arracher mon hijab, et puis il m’a agressée », a-t-elle confié à l’ONG. Alors qu’elle partait, le deuxième soldat burundais lui a donné 10 dollars.
Toutes les femmes et jeunes filles somaliennes qui se sont confiées à l’ONG appartenaient à des communautés déplacées originaires du centre-sud de la Somalie. Les recherches se sont concentrées sur des incidents qui se sont produit à Mogadiscio, où sont présents des soldats ougandais et burundais, mais la possibilité que des abus similaires se soient produits ailleurs n’est pas exclue. Pour Liesl Gerntholtz, directrice de la division Droits des femmes à Human Rights Watch, « certains soldats de l’Union africaine ont abusé de leur position de force pour exploiter les femmes et les jeunes filles les plus vulnérables de Somalie ». Selon la responsable, « la Somalie affronte de nombreux problèmes très complexes, mais les responsables somaliens et ceux de l’UA pourraient mettre fin à l’exploitation sexuelle et aux abus en faisant pression sur les pays qui fournissent des contingents, afin qu’ils exigent des comptes des responsables de ces exactions. »
Déplacement de dizaines de milliers de femmes et jeunes filles
Des années de conflit et de famine en Somalie ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de femmes et de jeunes filles loin de leurs communautés, de leurs familles et des réseaux de solidarité de leurs clans, rappelle l’ONG. Sans aucune opportunité d’emploi ni ressources de base, nombre d’entre elles doivent se reposer entièrement sur l’aide extérieure, et sont contraintes de subir des situations d’exploitation et d’abus pour assurer leur survie et celle de leurs enfants, ajoute Human Rigths Watch.
L’organisaton de défense des droits de l’Homme rappelle également le rôle de l’Amison en Somalie : « Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a déployé les troupes de maintien de la paix connus sous le nom d’AMISOM en Somalie en 2007. Sous mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies pour protéger les infrastructures et les fonctionnaires du gouvernement somalien, et pour contribuer à apporter une aide humanitaire. Depuis lors, le mandat de l’AMISOM, sa taille et sa présence géographique ont augmenté de façon constante. La force recrute son personnel militaire en Ouganda, au Burundi, au Kenya, en Éthiopie, à Djibouti et au Sierra Leone. »