Les insurgés d’Ashabaab reviennent à la charge. Le mouvement islamiste somalien vient de commettre un attentat, le plus meurtrier du genre, contre un cantonnement de la Mission de l’Union africaine (Amisom) à Mogadiscio. Objectif : contraindre la force africaine de plier bagages et faire appliquer de façon stricte la charia (loi islamique) dans le pays.
Le groupe somalien Al-Shabaab vient de mettre ses menaces à exécution. Onze soldats burundais appartenant à la Mission de l’Union africaine (Amisom) ont été tués et 15 autres blessés dans une attaque revendiquée dimanche par le mouvement islamiste contre une base de la force africaine à Mogadiscio, rapportent les agences de presse. Des tirs de mortier, a annoncé l’UA. Un double attentat suicide s’enorgueillit le mouvement islamiste, classé par les Etats-Unis sur sa liste des organisations terroristes. C’est en tout cas l’attentat le plus meurtrier contre la force africaine depuis son déploiement dans la région en mars 2007. «Les deux opérations de martyre avaient été effectuées par les moudjahidine contre les ennemis d’Allah qui sont les envahisseurs de la croisade dans notre pays. Nous leur avons infligé de lourdes pertes », a déclaré le porte-parole d’Al-Shabaab, Sheikh Muqtar Robow Abu Mansuur, lors d’une conférence de presse tenue par téléphone. Selon lui, deux kamikazes, un portant un gilet explosif et l’autre conduisant une voiture piégée, ont cherché à pénétrer dans la base des troupes de l’UA au moment où les soldats faisaient la prière, rapporte l’AFP.
«Pour nous, le président Sharif (Cheikh Ahmed) n’est pas différent de son prédécesseur Abdullahi Yusuf Ahmed et nous continuerons le Jihad (guerre sainte) contre les envahisseurs (la mission de l’Union africaine)», avait averti, le 12 février, Shiek Muqtar Robow Abu Mansur lors d’une conférence de presse à Baidoa, ville du sud de la Somalie où se trouve l’ancien siège du parlement somalien. Le mouvement islamiste avait ainsi juré de continuer d’attaquer les forces de maintien de la paix de l’Union africaine à Mogadiscio, malgré le retrait de l’armée éthiopienne en janvier 2009, qui constituait la principale demande de l’opposition somalienne. Al-Shabaab reproche au nouveau président Cheikh Ahmed de ne pas appliquer de façon stricte la Charia (loi islamique) dans le pays, et demande le départ de la force de maintien de la paix africaine, menaçant d’attaquer sans distinction les soldats de tout Etat africain tenté d’envoyer ses troupes en Somalie.
Des renforts attendus
La Mission Amisom, déployée dans ce pays depuis mars 2007, est constituée de 3400 hommes, issues des armées ougandaise et burundaise, alors que 8000 hommes étaient initialement prévus. Mal équipée et mal financée, elle est la seule force étrangère à Mogadiscio. «Malgré l’attaque menée par les insurgés (…) nous ne sommes pas découragés», a assuré le colonel Manirakiza, porte parole de l’armée burundaise, cité par l’AFP. «On savait dès le départ de notre engagement dans l’Amisom que de telles attaques étaient probables » a-t-il encore affirmé, indiquant que les renforts arriveront « bientôt » en Somalie, «comme prévu». La France a de son côté réitéré son soutien à la force africaine par la voix du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. «Nous soutenons l’Amisom ainsi que son renforcement, a-t-il déclaré, affirmant que « sa mission est déterminante pour la restauration de la stabilité en Somalie».
L’ancien président somalien, Abdullahi Yusuf Ahmed, avait posé sa démission le 29 décembre 2009, faute d’avoir pu instaurer la paix dans le pays, en proie à la guerre civile depuis 1991. Son successeur, le président Ahmed, avait laissé entendre récemment, lors d’une visite dans la capitale somalienne, avoir eu des discussions avec des membres du mouvement islamiste, évoquant «des réunions directes et indirectes avec certains leaders de l’opposition» couronnées de « succès ». Un « succès » très largement démenti pas les attaques qui viennent d’avoir lieu contre la caserne de la force africaine.