Sokouana Gary souhaite venir en aide aux enfants du monde à travers son association S.O.W. Parallèlement à cela, elle dirige une agence de communication événementielle. Entretien
Sokouana Gary est une femme qui a le cœur sur la main. D’origine malienne, elle a grandi en banlieue parisienne avec ses parents. C’est à l’adolescence que son envie d’aider les autres s’affirme. Être au service des autres semble être ancré en elle.
Afrik.com : D’origine malienne, vous êtes née et avez grandi en France, comment conjuguez-vous cette double culture ?
Sokouana Gary : Oui je suis née en France il y a 31 ans de parents originaires du Mali. Petite j’ai eu du mal à vivre cette double culture. Il est parfois difficile d’assumer ce que nous sommes au quotidien surtout quand les autres nous le rappellent à chaque fois. J’ai commencé à découvrir qui j’étais au Lycée. Où vraiment j’ai laissé ma personnalité s’affirmer.
Etant l’aînée de la famille, quel rôle avez-vous joué auprès de vos frères et sœurs (éducation, emploi) ?
(Soupir). Être l’aînée d’une famille africaine, c’est vraiment un bourbier car nous sommes soumis à certaines règles rigides et ancestrales. Le seul avantage, c’est que celles-ci nous rendent responsables très jeunes. Souvent ces règles nous emprisonnent, et nous n’avons pas le droit à l’erreur. Nous sommes contraints de vivre les rêves de nos parents. Tous leurs espoirs sont sur nous.
Je reconnais tout de même que nous acquérons de grandes valeurs, telles que le partage, la solidarité, l’entraide et bien d’autres. Sur le plan éducatif, c’est aussi le grand challenge… Nous sommes obligées de réussir car nous montrons l’exemple aux plus petits.
Pour ma part, je suis la grande sœur bienveillante, qui essaie de transmettre le droit de rêver à ses frères. D’ailleurs j’ai le rêve d’être le prochain Omar Sy (rires). Pour mes parents, c’est compliquer car pour eux c’est métro boulot dodo, on ne dérange pas quoi, nous ne sommes pas chez nous ! Sauf que nous, si !
Très tôt, vous avez eu pour ambition d’entreprendre tout en aidant les autres à acquérir du savoir, vous aimez donner de votre temps ?
Je pense que la manière dont j’ai grandi y est pour quelque chose. Je me suis toujours soucié du bien être des autres. Est-ce qu’ils vont bien ? Est-ce qu’ils s’en sortent ? Ne souffrent-ils pas trop ? Depuis mon plus jeune âge, j’aimais aider les autres.
Du coup c’est mon mode de vie, j’essaie d’être au service des personnes qui en ont besoin, que cela soit à travers mon association ou mon entreprise, je donne de mon temps pour que la qualité de vie des gens soit meilleure. C’est le devoir de chacun de veiller les uns sur les autres.
Actuellement vous êtes présidente de l’association S.O.W (Smile for the Orphans in the World), qui vient en aide aux orphelins du monde, quelles en sont les différentes activités ?
(Rires) S.O.W, c’est mon bébé numéro 1, c’est l’endroit où je me lâche et je me donne à 100% car j’aime ce rapport à l’autre. L’association humanitaire est née d’une épreuve personnelle que j’ai vécue, et qui m’a donné l’envie d’aider les autres et de les protéger contre les inégalités et les injustices.
Il est important de me rendre utile car en réalité nous recevons énormément. Certaines rencontres, situations, me permettent de relativiser et d’aller de l’avant. S.O.W. est une aventure humaine, et on agit sur différents domaines tels que l’éducatif, l’environnement, la santé la citoyenneté…
Mère depuis 8 mois, vous menez de front votre vie de maman et votre vie professionnelle, vous êtes une wonderwoman ?
Noooon !!! (rires) Je ne me considère pas comme une wonderwoman, mais comme une personne qui a décidé de vivre ses rêves chaque jour.
J’aime le travail et c’est une valeur que j’aimerais transmettre à mon fils plus tard. C’est important de faire ce qu’on aime, et de le faire avec le cœur et la conviction que nous allons réussir. Et j’aimerais rajouter, que ma vie de maman doit prendre le dessus sur mes activités. Il est là, mon réel projet. Fonder une famille solide, aimante, et soudée. Sans ce socle, tous les projets peuvent être pensés, ils seront difficilement réalisables.
Parallèlement à votre association, vous dirigez une agence de communication événementielle. Afin de la développer, vous avez besoin de 18 000 euros, à quoi va servir cette somme concrètement ?
Oui en 2013, alors que j’étais assistante d’éducation, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Tous mes engagements me mènent à une conclusion : nous avons tous les mêmes centres d’intérêts. Simplement, ils sont influencés par nos différentes cultures. Nous avons parfois du mal à mettre le commun sur la table pour en faire quelque chose de beau. Souvent les différences divisent et créent des guerres. Avec Waris Event je fais de cette différence une force.
Bon l’idée seule ne suffit pas, il faut fédérer les forces pour réussir à aller plus loin. J’ai été amenée à accueillir de nombreux jeunes en stage d’études, et je les ai vus s’ouvrir, se développer à travers nos événements. Ils ont créé du lien social grâce à une réelle mixité enrichissante et se sont ainsi constitués un réseau professionnel solide.
Et là, déclic, je voulais leur offrir plus. Et m’offrir ce luxe de pouvoir embaucher, lutter contre le chômage des jeunes.
Je lance ma première levée de fond pour Waris Event afin d’accueillir des jeunes et leur permettre de développer leurs connaissances dans les domaines de la communication, du marketing, de la gestion de projet, et de la logistique. Leur offrir un premier emploi à responsabilité qui leur facilitera l’insertion professionnelle en fonction de leur souhait d’évolution.
Donc 18 000 € pour me soulager d’une partie des charges que je vais devoir assumer pour ce challenge.
D’autres projets en vue ?
Honnêtement, après tout cela, mon projet serait d’offrir à mon bébé une belle éducation et beaucoup d’amour. Car il est ma relève. Il a besoin de moi pour comprendre ma vision de la vie et en tirer quelques leçons. Après j’espère qu’il sera ce qu’il voudra être. Dans la vie, on n’est bien que dans son propre rôle.