Les pays africains seraient en passe de connaître une crise énergétique majeure. Si les premiers effets s’en ressentent déjà dans près de la moitié des pays africains, le phénomène va en s’aggravant. Ainsi, d’ici 2020, environ 60% des personnes vivant en Afrique sub-saharienne pourraient être privées d’électricité. Une solution peut être néanmoins envisagée : le marché du carbone.
Dakar est sporadiquement plongé dans le noir et ses habitants se bercent des « ronronnements » des groupes électrogènes qui les aident à s’éclairer. Les opérations de délestage sont devenues monnaie courante dans la capitale sénégalaise. Ces rationnements de fourniture en électricité sont également connus des Ghanéens, des Ougandais ou encore des Zimbabwéens. Ceci semble n’être qu’un avant-goût de la crise énergétique que s’apprête à connaître l’Afrique sub-saharienne. Selon Jamal Saghir, le directeur du département Eau et Energie à la Banque Mondiale, près de 60% des habitants de l’Afrique sub-saharienne n’auront pas accès à l’électricité d’ici 2020. Ce chiffre provient de la récente étude réalisée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Le marché du carbone : une alternative
Les raisons de cette crise énergétique qui frappe déjà près de la moitié des pays africains : le peu d’investissements réalisés dans ce secteur, notamment entre le début des années 1990 et celui des années 2000. « Les gouvernements doivent faire face à de nombreuses priorités et ne disposent pas des capacités suffisantes pour mettre en place ce type de programme », explique-t-on à la Banque Mondiale. Et quand des politiques existent, les réglementations et leur exécution n’attirent pas le secteur privé. Cependant, les conséquences des catastrophes naturelles et humaines, entre autres, la sècheresse en Afrique de l’Est et les conflits qui détruisent les infrastructures déjà existantes sont aussi en cause.
Par ailleurs, les bailleurs de fonds internationaux n’ont cessé de réduire les fonds alloués à ces secteurs dans les pays en voie de développement. Jamal Saghir, rapporte Business in Africa, estime que ces bailleurs devraient doubler leurs contributions qui sont actuellement de deux milliards pour permettre aux pays concernés d’atteindre un taux d’accès à l’énergie de 35% en 2015. Il est environ de 24% actuellement. Selon les prévisions de la Banque Mondiale, l’Afrique doit investir 4 milliards de dollars par an pour atteindre ce premier objectif et le faire passer à 47% d’ici 2030. Elle y parviendra, par exemple, grâce au développement d’énergies propres tel que présenté lors de la récente conférence de Nairobi sur le changement climatique. De concert avec les agences des Nations Unies, « la Banque mondiale va accroitre la participation des pays africains au marché international du carbone [[Il sera opérationnel en 2008, mais des marchés nationaux existent déjà. On y négocie des droits ou des crédits d’émissions de CO2.]] (où s’échangent des droits à polluer) à travers le Mécanisme de Développement Propre (MDP). Jusqu’ici, précise la Banque Mondiale, l’Afrique est la région dans le monde en développement, auquel appartiennent l’Asie et l’Amérique Latine, qui a le moins bénéficié du MDP». La Banque va donc aider les pays africains à mieux profiter du marché du carbone dans le secteur énergétique et forestier.