Slash, comme celui de votre clavier, est le dernier né des magazines de la chaîne du savoir France 5. « Le magazine des nouvelles images » promet de nous faire découvrir, à nous qui n’y comprenons pas grand-chose, l’envers de toutes ces images que le numérique permet désormais de concevoir. Elisabeth Tchoungui, qui vous accompagnera dans ce petit voyage initiatique, a bien voulu répondre aux questions d’Afrik.
Après Ubik, l’émission culturelle de France 5 et en dépit d’un agenda déjà bien rempli – elle présente également le journal sur TV5 – la journaliste franco-camerounaise, Elisabeth Tchoungui, comme vous ne l’avez encore jamais vue, s’est lancée un nouveau défi. Celui de vous présenter, vendredi prochain, à 20h55 sur cette même chaîne une nouvelle émission : Slash. Pendant 45 minutes, le magazine des nouvelles images tâchera de vous expliquer comment sont fabriqués les génériques de films, les effets spéciaux, dans les clips, les jeux vidéo, au cinéma et à la télévision. Slash, ce sera également l’occasion de découvrir les esprits talentueux qui sont à l’origine de ces mondes virtuels et parce qu’avant tout cette émission a été conçue pour vous, vous découvrirez des trucs et astuces pour créer vos propres images nouvelles.
Afrik.com : Quel est le propos de Slash ?
Elisabeth Tchoungui : Slash s’inscrit dans la droite ligne des magazines pédagogiques de France 5. C’est une émission sur les nouvelles images qui sont visibles partout : dans la pub, les clips, le cinéma, la télévision…Mais, hormis les ados qui baignent dedans et qui décodent tout, le grand public est un peu largué, il ne sait pas forcément comment ces images sont fabriquées et les motivations de leurs créateurs. Slash, c’est un peu la cuisine des nouvelles images qui font appel à des techniques qui repoussent sans cesse les limites de la création. Et on s’aperçoit qu’on peut créer des univers sympathiques avec peu de moyens. Michel Gondry, le réalisateur français que les studios hollywoodiens s’arrachent aujourd’hui et que nous avons rencontré, a commencé comme ça. Son premier clip, il l’a fait avec des bouchons de cognac et des boîtes d’œufs. Au total, Slash est une émission très ludique qui s’adresse à tout le monde. Slash, ce sont les nouvelles images expliquées à ma grand-mère.
Afrik.com : Pourquoi France 5 vous a confié les rênes de cette émission et qu’est-ce qui vous a attiré dans ce nouveau concept ?
Elisabeth Tchoungui : Je pense que je dois cette nouvelle aventure au succès d’Ubik et je présente également la case culture du vendredi soir. Je pense que c’est une démarche assez logique de la chaîne de me mettre en avant dans le domaine culturel. Les responsables de France 5 ont certainement été sensibles au coté curieux et ludique de l’émission. Une émission que j’ai abordée avec la même curiosité qu’Ubik.
Afrik.com : Pour vous qui avez des journées assez chargées, ce bébé n’est-il pas l’enfant de trop ?
Elisabeth Tchoungui : Ah, vous savez qu’on dit en Afrique qu’il faut accueillir tous les enfants qui se présentent (rires). Par conséquent, tant qu’il y a de la place, il n’y a pas de problème. Plus sérieusement, je ne rechigne pas à la tâche, il faut dire que je travaille beaucoup. J’ai la chance qu’on me propose des projets intéressants alors je ne boude pas mon plaisir et je ne compte pas mes heures. Seule ombre au tableau : mes amis commencent à me faire la tête parce que je les vois moins…
Afrik.com : Vous avez travaillé pour les plus importantes chaînes du paysage audiovisuel français. Sentez-vous une évolution quant à cette revendication croissante à propos d’une plus grande présence dans les médias des « minorités visibles »?
Elisabeth Tchoungui : Il y a eu un changement indéniable durant ces douze derniers mois. Effectivement, il y a eu une prise de conscience qui s’est traduite par l’apparition d’Audrey Pulvar [[ Présentatrice du journal sur France 3]] à l’antenne mais il faut rester extrêmement vigilants. C’est très important qu’il y ait des présentateurs mais il faut travailler sur le contenu des programmes et faire attention au traitement de l’information. Quand j’entends dire partout communauté gitane contre communauté maghrébine à Perpignan, moi je note que ce sont d’abord des Français d’origine bla bla … mais ce sont d’abord des Français. Cela est un travail de longue haleine qui ne pourra se faire que s’il y a de plus en plus de représentants de ces minorités au sein des rédactions. Car l’inconscient collectif est tellement fort que ce sera très long de faire changer les mentalités sur ces questions. Les choses ont, certes, évolué mais il faut être là pour aiguillonner. Il faut faire du lobbying. Le réseau Averroès [[ Il a été créé en 1995 par des élus locaux d’origine maghrébine. Il milite pour que les « minorités visibles » le soient un peu plus dans les médias ]] a fait énormément pour faire avancer cette cause. Aujourd’hui, ils sont reçus partout et continuent de sensibiliser les décideurs à ces questions là. Il le faut sinon il y a une tendance au saupoudrage. Ceci dit, ça dépend des chaînes. France Télévisions a fait des progrès récemment, d’autres chaînes pourraient en faire également.
Afrik.com : Cela fait près de 10 ans que vous faites de la télévision. Quel bilan faites-vous de cette décennie au service de l’information et quels sont vos projets ?
Elisabeth Tchoungui : C’est terrible quand on me dit que ça fait 10 ans que je fais de la télévision parce que j’ai l’impression d’avoir commencé hier. Ce métier me passionne tellement que je ne vois pas le temps passer. A très long terme, parce que ça ne se fait pas du jour au lendemain, j’aimerais pouvoir présenter un talk-show mi-généraliste, mi-culturel. En France, je constate que ce type d’émissions n’est présenté que par des hommes. J’aimerais bien dans 10 ans arriver à faire ça car il faut d’abord se forger une expérience, une image et une notoriété que je n’ai pas encore. Mais comme je suis curieuse de tout, je crois que c’est finalement dans ce registre que je m’épanouirai le plus. Et puis parallèlement, je vais sortir mon premier roman en janvier. C’est un rêve qui se réalise. Je rêvais d’écrire et si tout se passe bien, je poursuivrai dans cette voie. C’est un vrai bonheur d’écrire, c’est jubilatoire et ça reste. Ce n’est pas éphémère comme la télé.
Afrik.com : Et les documentaires, vous en avez réalisé un en 2000, Slash vous a peut-être donné des idées…
Elisabeth Tchoungui : Je ne perds pas de vue le documentaire, je travaille d’ailleurs sur un projet. Mais, là encore c’est une question de temps.
Slash, le magazine des nouvelles images
Première diffusion sur France 5, le vendredi 10 juin à 20h55
Durée : 45 minutes