La tension est perceptible au Sénégal, depuis quelque temps. A l’origine, un bras de fer entre le principal opposant Ousmane Sonko et le camp du Président Macky Sall. Ce dernier est accusé de verser dans la répression pour dit-on, réduire au silence une opposition qui monte en puissance.
Au Sénégal, le principal parti d’opposition dirigé par Ousmane Sonko et le camp du Président Macky Sall se regardent en chiens de faïence. Des tentatives d’intimidation politique avec des rassemblements de part et d’autre. En l’espace de quelques jours, Pastef les Patriotes (opposition) et Benno (coalition présidentielle) ont sonné la mobilisation dans la banlieue dakaroise. Deux évènements tenus distinctement et qui ont vu affluer des centaines de milliers de sympathisants. Si pour Pastef, il a été évoqué un mouvement spontané, certains observateurs parlent de « bétail » rassemblé à coups de billets de banque par le camp au pouvoir.
Mbacké au centre de toutes les… tensions
En tous les cas, le climat est si délétère que de simples rassemblements finissent parfois en heurts avec les forces de l’ordre. C’est le cas, vendredi dernier, à Mbacké (centre) lorsqu’une manifestation de Pastef a été interdite par le Préfet de la localité. Une interdiction qui a débouché sur de violents heurts avec la police. Plusieurs manifestants arrêtés, certains relaxés. D’ailleurs, lundi, des élèves de Mbacké ont battu le macadam pour exiger la libération de certains de leurs camarades interpellés en marge des manifestations de vendredi.
Des manifestations qui ont donné lieu à un saccage et qui a été déploré. Stations-service, boutiques, espaces publics, rien n’a été épargné par des manifestants en colère. Toute l’actualité du pays tourne autour de ces incidents. Un peu avant, les autorités avaient émis des mises en garde, avec des menaces répétées du gouvernement de sévir. D’abord le Premier ministre Amadou Bâ, qui a demandé à ses sympathisants de répondre aux « coups » des Pastéfiens. Le chef du gouvernement n’a pas manqué de rappeler que « l’Etat est debout et restera debout ».
« Furie répressive du pouvoir qui veut installer le chaos »
Ensuite le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, qui met en garde que « force restera à la loi ». Seulement, l’opposition invoque son droit au rassemblement et compte même remettre ça. A ce sujet, une autorisation de manifester, toujours à Mbacké, a été déposée sur la table du Préfet de la localité. Ce dernier avait justifié le rejet de la manifestation de vendredi par une question de forme. Il manquait une signature à la requête. Lequel impair le parti Pastef a corrigé dans sa nouvelle demande adressée à l’autorité administrative de la ville. Nous n’en sommes pas encore à la date du 24 février retenue pour la manifestation.
Dans la foulée des manifestations de Mbacké est ses conséquences, l’opposition condamne l’attitude des autorités. L’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, a appelé à « opposer une ferme détermination » face à tels agissements. Le leader de Taxawu Senegaal « condamne, avec force, la furie répressive du pouvoir qui veut installer le chaos dans notre pays. Contre la terreur que veut nous imposer ce régime aux abois, il faut opposer une ferme détermination pour garantir l’exercice des libertés individuelles et collectives ».
Sonko vs Macky : œil pour œil dent pour dent
Pour sa part, Serigne Khassim Mbacké, un chef religieux de Touba dont dépend Mbacké, dénonce une « forfaiture » contre la cité religieuse. « Touba n’a jamais vécu ce bazar. Les manifestants de Touba ont été infiltrés. Un disciple de Serigne Touba n’oserait jamais brûler un seul pneu dans la cité », a dit le religieux. Et d’enfoncer l’opposant leader de Pastef. « Sonko a bafoué la sacralité de Touba et il doit en subir les conséquences », estime-t-il. Il va jusqu’à accuser d’autres religieux, des Mbacké-Mbacké, agissant « pour des raisons politiciennes ».
Le responsable évoque « des Mbacké-Mbacké qui lui sont proches et qui ne lui sont d’aucune utilité. Pire, ils ont fait allégeance à Ousmane Sonko ». Des accusations qui ne resteront pas « impunies », car Pastef est réputé pour avoir du répondant, en cas d’attaque. Et cela peut aller d’une réplique politique à des injures sur les réseaux sociaux. Si ce ne sont pas des sorties médiatiques ou une mise en demeure. Pour l’heure, au pays de la Téranga, c’est œil pour œil dent pour dent. La tension est perceptible dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Et l’opposition comme la mouvance présidentielle tiennent le camp adverse pour responsable.