Au Niger, le Président Bazoum est toujours aux mains de sa garde. Aux environs de minuit, un groupe d’officiers passent à la télévision nationale et délivrent un message de destitution du Président Mohamed Bazoum. Le gouvernement lui reste fidèle.
La journée du mercredi a été confuse au Niger. Reclus dans son palais contrôlé par les éléments de sa propre garde qui se sont rebellés, le Président Mohamed Bazoum n’est plus libre de ses mouvements. Jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, le Président est toujours coincé dans sa résidence. Si la journée du mercredi a été faite de questionnements et d’informations incertaines, tard dans la nuit, les choses se sont davantage précisées.
L’intervention des militaires à la télévision nationale
Alors que la télévision et la radio nationales étaient dites contrôlées par les forces loyalistes, un groupe de dix officiers a annoncé, vers minuit, à la télévision, la fin du régime du Président séquestré. Visiblement, les choses ont évolué en faveur des putschistes qui semblent s’être rendus maîtres de la télévision nationale.
Le discours de circonstance auquel les populations ouest-africaines sont de plus en plus habituées, depuis 2020, a été prononcé. « Nous, Forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez », a commencé le colonel-major Amadou Abdramane, porte-parole de la junte. Et de poursuivre : « Toutes les institutions issues de la VIIe République sont suspendues, les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l’expédition des affaires courantes, les FDS gèrent la situation, il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s’ingérer ».
Dans cette brève allocution, les militaires ont également annoncé les mesures habituelles dans ce genre de situation : fermeture des frontières, instauration d’un couvre-feu de 22 heures à 5 heures du matin. De même, ils ont promis de ne pas toucher à « l’intégrité physique et morale des autorités déchues ». Comme dans les deux autres pays du Sahel récemment touchés par des coups d’État, le Mali et le Burkina Faso, « la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale » sont les raisons qui ont motivé le coup de force des éléments de la garde présidentielle.
Médiation attendue du Président Patrice Talon
Dans la journée du mercredi, le Président béninois, Patrice Talon, a rencontré à Abuja, son homologue nigérian, Bola Tinubu, Président en exercice de la CEDEAO. Ce dernier l’a missionné pour se rendre au Niger et conduire les négociations avec les militaires, toutes les tentatives effectuées par plusieurs personnalités, toute la journée d’hier, ayant échoué. « Je crois que tous les moyens seront utilisés, au besoin pour que l’ordre constitutionnel soit rétabli au Niger, mais l’idéal serait que tout se passe dans la paix et dans la concorde. Donc, les actions de médiations seront renforcées, ce soir même, pour que cette situation s’arrange dans la paix », a déclaré le Président béninois au sortir de son entrevue avec Bola Tinubu. Avant de poursuivre : « Même quand ce qui n’est pas acceptable se fait, il faut que dans la paix on puisse corriger cela. C’est notre première option. Nous pensons que ce sera avec succès ».
La question qui demeure est de savoir quelle sera l’attitude de la junte face à cette médiation de la CEDEAO, cette junte qui semble bien partie pour conserver le pouvoir.
Le gouvernement actuel refuse le coup d’État
Le ministre Hassoumi Massoudou, chef de la diplomatie et chef du gouvernement nigérien par intérim, rejette le coup d’État au Niger. Il considère que la majorité de l’armée reste fidèle au Président Bazoum, toujours séquestré par des militaires putschistes à la Présidence à Niamey. Il a précisé que le Président Bazoum était en bonne santé ».