La huitième édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev)a ouvert ses portes ce lundi 15 mai à Alger, la capitale algérienne. L’occasion pour le ministre du Tourisme, Nourredine Moussa, de rappeler que son pays veut résolument jouir de la manne d’un patrimoine encore inexploité.
De notre envoyée spéciale Falila Gbadamassi
La huitième édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) a ouvert ses portes ce lundi 15 mai, à Alger, en présence du ministre du Tourisme, Nourredine Moussa, qui a réaffirmé la volonté de son gouvernement d’accorder la priorité à un secteur qui représente, après le pétrole, la deuxième source de devises étrangères. « Si le Maroc et la Tunisie comptent, à l’horizon 2010, recevoir 10 millions de touristes, l’Algérie peut avoir des prétentions légitimes », note un expert du Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (Ceneap). Ce défi, le gouvernement envisage de le relever avec le programme décennal qu’il a adopté récemment et dont le terme est fixé à 2015.
Ce dernier s’appuie sur quatre axes. A savoir, d’une part combler le déficit en matière de capacités d’accueil et mettre à niveau la prestation touristique aux normes internationales. Des processus qui expliquent que l’Etat, actuel propriétaire majoritaire de l’infrastructure touristique, soit en train de céder son portefeuille. D’autre part, la formation, la promotion et de la communication s’inscrivent comme des priorités. L’Algérie, après avoir négligé pendant des années, et notamment durant les années de terrorisme, de communiquer, est en train de se rattraper en faisant savoir qu’elle est un pays sûr. Comme en témoigne l’intérêt croissant des investisseurs comme le groupe hôtelier français Accor. Présent sur le Sitev, il envisage en effet la construction de plus d’une trentaine d’hôtels, la plupart de standing moyen, sur l’ensemble du territoire. Ce qui viendra compléter la palette de services actuellement limitée au luxe et au bas de gamme et constituera une contribution notable à l’objectif des 120 000 lits que veut offrir l’Algérie d’ici dix ans.
Un patrimoine riche et encore vierge
Pour les remplir, elle capitalise sur son patrimoine. « L’Algérie est, après l’Italie, le deuxième pays en termes de vestiges romains, il dispose d’un désert, le Sahara unique en son genre, 1 200 km de côtes vierges et entend miser sur le thermalisme en encourageant les investissements dans ce secteur, car le tourisme de santé se développe de plus en plus », a expliqué Nourredine Moussa. Deux cents sources thermales sont officiellement répertoriées, depuis les années 80, mais le potentiel algérien serait autrement plus important. Par ailleurs, le retard de l’Algérie, comparé à la Tunisie ou au Maroc, peut être considéré comme un avantage dans la mesure où les touristes sont de plus en plus sensibles à une certaine authenticité du produit touristique.
Selon les chiffres officiels, 1 434 000 entrées ont été enregistrés sur le territoire en 2005, mais seulement le tiers, selon les spécialistes, peut être considéré comme un véritable flux touristique. Pour l’étoffer et atteindre l’objectif de trois millions de touristes en 2015, outre les étrangers, les responsables du tourisme visent les nostalgiques de l’Algérie, comme les pieds noirs et les juifs algériens. De même que les Algériens de France qui, pour beaucoup, ont quitté le pays pour l’étranger et qui ont envie de découvrir aujourd’hui leurs racines. Elles n’en négligent pas moins, tout en misant d’abord sur le marché extérieur, le vivier national. Réussir à capter, au moins la moitié du million d’Algériens qui part chaque année en Tunisie -première destination touristique – parce que les capacités d’accueil algériennes sont insuffisantes est un autre de leurs objectifs. Le public algérois, auquel s’ouvre, ce mardi, le salon professionnel qui accueille plus de 150 opérateurs touristiques nationaux et internationaux, aura ainsi jusqu’au 19 mai pour grappiller des informations en vue d’organiser des vacances qui approchent à grands pas.