
La Sierra Leone est le théâtre d’un vif débat sociétal sur la dépénalisation de l’avortement. Tandis que les partisans du projet de loi y voient une nécessité pour préserver la santé des femmes, les opposants, notamment religieux, y dénoncent une atteinte aux valeurs morales et culturelles.
Cette opposition reflète les tensions profondes qui traversent la société sierra-léonaise sur la question des droits des femmes et de la santé reproductive.
Une situation alarmante pour la santé des femmes
En Sierra Leone, l’avortement clandestin est une réalité dramatique. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, plus de 20 % des filles âgées de 15 à 19 ans tombent enceintes. Cette situation fait du pays l’un des plus touchés par les grossesses précoces. Face à l’absence d’un cadre légal sûr, de nombreuses jeunes filles mettent leur vie en danger en ayant recours à des méthodes risquées et non médicalisées pour interrompre leur grossesse.
De nombreuses jeunes femmes ayant vécu un avortement clandestin témoignent des souffrances physiques et psychologiques endurées. Certaines racontent avoir dû recourir à des méthodes dangereuses et mis leur santé en péril. Cet éprouvant parcours pousse aujourd’hui plusieurs militantes à s’engager en faveur de la dépénalisation de l’avortement. Elles espèrent épargner à d’autres le même calvaire.
Un projet de loi controversé
Le gouvernement sierra-léonais a proposé une loi visant à dépénaliser l’avortement afin de réduire la mortalité maternelle et les complications sanitaires liées aux avortements clandestins. Cette initiative est bien accueillie par de nombreuses organisations de défense des droits des femmes. Cependant, elle rencontre une forte opposition de la part des communautés religieuses et conservatrices du pays.
L’archevêque de Freetown, Edward Tamba Charles, s’est publiquement opposé à cette réforme. Il estime qu’elle va à l’encontre des valeurs et des croyances de la société sierra-léonaise. Pour lui et d’autres détracteurs, autoriser l’avortement reviendrait à banaliser la destruction de vies humaines et à encourager des comportements jugés immoraux.
La Sierra Leone se trouve à un carrefour décisif. D’un côté, les militants des droits des femmes appellent à une reconnaissance de la santé reproductive comme un droit fondamental. De l’autre, les conservateurs résistent à tout changement perçu comme une atteinte aux fondements moraux de la nation.