Sierra Leone : à Freetown la vie reprend timidement son cours


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Des militaires en Sierra Leone
Des militaires en Sierra Leone

À Freetown, la capitale sierra-léonaise, la vie reprend tout doucement son cours. Les marchés ont recommencé à s’animer progressivement. Des magasins et des banques ont rouvert leurs portes. Mais, certains commerçants, encore dubitatifs, gardent leurs boutiques fermées. De même, les écoles sont restées fermées.

Dans les rues de la capitale, la présence des forces de sécurité est visible. Puisque des checkpoints ont été installés sur les principales routes où les véhicules sont systématiquement fouillés. Sur place, le couvre-feu total du dimanche est allégé. Désormais, il s’étend de 21 heures à 6 heures du matin, heure locale ; et ceci jusqu’à nouvel ordre.

Des assaillants arrêtés

Depuis dimanche soir, on en sait un peu plus sur les événements qui ont secoué Freetown. Dans une allocution diffusée, hier soir, à la télévision sierra-léonaise, le Président Julius Maada Bio a annoncé que « la plupart des responsables » des attaques avaient été appréhendés et que « le calme a été rétabli ». Il a également ajouté que « les opérations de sécurité et les enquêtes se poursuivent », précisant que les dispositions seront prises pour que « les responsables répondent de leurs actes dans le cadre d’une procédure régulière ».

Sans parler de tentative de coup d’État, Julius Maada Bio a toutefois évoqué « une tentative de saper la paix et la stabilité [qu’ils ont] travaillé si dur pour atteindre ». Des propos voisins de ceux qu’il a postés dans la matinée du dimanche sur son compte X. La diffusion du discours du chef de l’État à la télévision nationale visait à rassurer les Sierra-Léonais à double titre : leur montrer que la situation était sous contrôle et démentir ipso facto les rumeurs qui faisaient état de la tentative de prise de contrôle de la télévision par les assaillants.

Des interrogatoires en cours

Selon le ministre de l’Information, qui, comme son Président, refuse de parler de tentative de coup d’État, les personnes arrêtées sont en train d’être écoutées. C’est seulement après leur interrogatoire que les autorités pourront se prononcer clairement. Parmi les personnes arrêtées, il y a d’anciens militaires et des militaires encore en fonction. Sur les réseaux sociaux, circule la photo d’un ancien membre de la garde rapprochée de l’ex-Président Ernest Bai Koroma, présenté comme un des assaillants abattus par les forces de sécurité. Dans un communiqué, l’ancien Président a indiqué qu’un soldat de sa garde, le caporal Eddie Conteh, avait mortellement été touché par balle dans sa résidence. L’ancien chef d’État a ajouté qu’un autre élément de sa garde avait été enlevé. Tout ceci, non sans condamner fermement les atteintes à la sécurité d’État et appeler au calme.

Traque aux fugitifs

Pour l’instant, les forces de sécurité continuent de traquer les assaillants encore en fuite et même les prisonniers libérés après l’attaque des prisons, ce dimanche. En effet, plusieurs lieux de détention, dont la prison centrale de Pademba Road, ont été prises d’assaut, et plusieurs détenus ont pris la poudre d’escampette. Pour l’instant, il est impossible d’avancer un chiffre précis de détenus libérés dans le cadre de ces attaques. « Alors que nous encourageons les citoyens à reprendre leurs activités normales, nous continuons à demander à chacun de rester calme, mais vigilant, et de signaler toute activité suspecte ou inhabituelle au poste de police le plus proche », a recommandé le ministre de l’Information, Chernor Bah.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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