L’aggravation de la situation de la MINUSIL est dramatique. La Grande-Bretagne enverra des conseillers militaires en vue de renforcer l’efficacité de la force de désarmement.
» C’est la base même de la mission qui est remise en question » : ces propos du porte-parole de la MINUSIL, le lieutenant-colonel Jaswinder Sandhu, traduisent le désarroi des Nations-Unies après la capture, hier soir, de 200 soldats zambiens, portant à 300 le nombre de Casques bleus et personnels civils de l’ONU otages des rebelles du Sierra Leone. Alors que Foday Sankoh, leader des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), a appelé la MINUSIL à ne pas faire de provocations, ses propres soldats se sont emparés des véhicules onusiens et ont paradé à leur bord dans plusieurs villes.
La MINUSIL, plus importante force de maintien de la paix mise en place par l’ONU à l’heure actuelle, procède depuis janvier au désarmement des 45 000 combattants de la guérilla sierra-léonaise, suite au cessez-le-feu intervenu entre les rebelles et les forces gouvernementales. Son objectif est de permettre la tenue d’élections libres au début de 2001. Mais la MINUSIL, constituée exclusivement de soldats issus de pays pauvres, ne dispose pas du matériel ni de l’entraînement qui lui permettraient de résister à la reprise actuelle de la rébellion.
Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan s’est vu refuser hier l’envoi de forces d’action rapide américaines, britanniques et françaises. En revanche, le Royaume-Uni a annoncé ce matin l’envoi de conseillers militaires ; ceux-ci seront chargés de renforcer l’efficacité de la MINUSIL. Mais à Freetown, beaucoup d’observateurs jugent que l’initiative anglaise vient trop tard pour la paix, rapporte la BBC.
De son côté, l’ONU tente de réunir les pays voisins du Sierra Leone et d’obtenir qu’ils fassent pression sur les forces rebelles. Dernier en date, le chef d’Etat libyen Muammar Al-Kadhafi, allié de longue date de Foday Sankoh, vient de promettre de parler au chef rebelle.