Le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson s’est déclaré favorable à l’utilisation des préservatifs comme moyen de prévention du sida lundi à Rome. La position du prélat ghanéen est opposée à celle du pape Benoît XVI qui avait affirmé, en mars dernier, alors qu’il se rendait au Cameroun, que le préservatif « aggrave » le problème du sida. Deux tiers des victimes du sida dans le monde sont africaines.
Dissonance au sein de l’Eglise catholique sur la question sida. Alors que le Vatican s’est toujours montré hostile à la promotion du préservatif comme moyen de lutte contre le sida, un évêque africain promeut l’usage de la capote.
Lors d’une conférence de presse en marge du deuxième Synode africain qui se tient jusqu’au 25 octobre au Vatican, le cardinal ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson s’est dit pour l’usage du préservatif, principalement lorsqu’un des conjoints est séropositif. « Bien sûr, il faut promouvoir l’utilisation du préservatif mais il y a des risques car en Afrique, ils ne sont pas toujours de bonne qualité » et ils donnent un sentiment de « fausse sécurité » » a déclaré Kodwo Appiah Turkson, rapporteur du synode, et responsable de l’Eglise catholique au Ghana.
L’hostilité de l’Eglise catholique vis-à-vis du préservatif est ancienne
Cependant, pas d’encouragement au libertinage sexuel. Le prélat a indiqué que l’abstinence et la fidélité habituellement défendues par l’Eglise sont « importantes ». Mais sa position sur l’usage des condoms tranche nettement avec la ligne officielle du Vatican. Dans l’avion qui l’amenait au Cameroun et en Angola en mars dernier, le pape Benoît XVI avait déclenché une vive polémique, en déclarant que l’usage du préservatif « aggravait » le problème sida.
Ce n’était pas la première fois qu’un chef de l’Eglise catholique rejetait les capotes. Depuis une quarantaine d’année en effet, le Vatican peine à concilier l’usage des préservatifs avec les valeurs morales et familiales qu’elle promeut. En 1968, l’Eglise avait expressément interdit les préservatifs, considérés comme moyen artificiel de contraception.
Dans l’article 14 de l’encyclique Humanae Vitae publié cette année-là, le pape Paul VI écrit : « En conformité avec ces points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer qu’est absolument à exclure, (…) toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation ».
Le sida continue de faire des ravages
Plus tard, face au tollé suscité par son hostilité au préservatif en pleine pandémie du sida, l’Eglise a adouci sa position, se contentant de soutenir son dogme sur l’acte sexuel, « la pleine communion spirituelle et corporelle entre deux personnes ». Un objectif impossible à réaliser lorsque le condom est utilisé, selon les autorités catholiques. Le « dérapage » de Benoît XVI en mars dernier avait relancé la polémique.
Vingt six ans après la découverte du VIH, le virus du sida, la maladie reste une menace majeure pour la santé dans le monde. En dépit des progrès de la recherche. Deux millions de personnes en sont mortes, principalement en Afrique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 33 millions de personnes dans le monde sont séropositives. Parmi elles, plus de 67% se trouvent en Afrique subsaharienne, soit 22 millions.
Pour le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, il faut « poursuivre les recherches » sur le sida, et « rendre disponibles les médicaments », qui estime-t-il, demeure très chers, et donc inaccessibles à toutes les victimes du sida.