Une politique mise en place il y a 22 ans interdisant l’entrée aux États-Unis aux personnes infectées par le VIH a été officiellement abolie le 2 novembre. La nouvelle loi prendra effet dans 60 jours. Les activistes de la lutte contre le sida ont applaudi cette initiative comme une importante victoire dans la lutte contre la stigmatisation liée à la maladie.
« C’est une excellente nouvelle pour nous », a dit à IRIN/PlusNews Michael Angaga, coordonnateur régional pour le réseau africain des personnes vivant avec le VIH/SIDA (NAP+).
« Pendant longtemps, les personnes séropositives se sont senties mises à l’écart par l’un des pays les plus puissants au monde, qui devrait montrer l’exemple en matière de droits humains ». M. Angaga a ajouté qu’il était impatient de voir la nouvelle réglementation rapidement mise en application dans les ambassades américaines du monde entier.
En 1987, le VIH avait été ajouté à la liste des maladies transmissibles pouvant empêcher les immigrants, étudiants et touristes infectés d’obtenir un visa pour entrer aux États-Unis sans permission spéciale. L’annonce du 30 octobre du président Barack Obama a clos le processus amorcé en 2008 par le président de l’époque, George W. Bush, qui avait signé une loi abrogeant ces restrictions.
« Nous sommes en tête de tous les pays lorsqu’il s’agit d’endiguer la pandémie du sida et pourtant, nous faisons partie d’une douzaine de nations seulement à interdire l’entrée sur notre territoire aux personnes vivant avec le VIH. Si nous voulons être leader mondial de la lutte contre le VIH/SIDA, nous devons agir dans ce sens », a dit M. Obama, selon la presse.
« Cela montre que l’Amérique a compris que les gens qui vivent avec le VIH sont des personnes comme les autres et ont le droit de circuler librement. Les restrictions à l’entrée sur le territoire constituaient une discrimination de la pire espèce », a commenté Samuel Kibanga, coordonnateur national du Forum ougandais des réseaux de personnes vivant avec le VIH/SIDA.
Selon les directives internationales sur le VIH/SIDA et les droits humains du Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, toute restriction de la liberté de circulation ou du choix de résidence fondée uniquement sur une séropositivité supposée ou avérée, notamment grâce au dépistage du VIH chez les voyageurs internationaux, est discriminatoire.
Les gouvernements avancent généralement deux raisons principales pour imposer des restrictions de voyage pour les séropositifs. La première est d’aider à limiter la propagation du VIH. La deuxième est d’épargner aux pays d’accueil les coûts des traitements liés au VIH. Selon M. Kibanga toutefois, ces réglementations n’ont fait qu’occulter le problème du VIH.
« Les gens ont peur de révéler leur condition lorsqu’ils voyagent. Il est préférable d’être avec quelqu’un qui parle librement de sa situation qu’avec quelqu’un qui la cache », a-t-il expliqué. « Ainsi, nous pouvons tous collaborer dans la lutte contre le sida ».
Selon un rapport publié en juin 2009 par l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch, les lois sur l’immigration et les conditions strictes d’accès aux soins gratuits représentent souvent, pour les migrants vivant avec le VIH, des obstacles insurmontables pour obtenir des traitements et des soins.
M. Kibanga a dit qu’il espérait que l’initiative des États-Unis servirait d’exemple aux autres pays. Selon l’ONUSIDA, 59 pays imposent différentes formes de restrictions de voyage à l’encontre des personnes vivant avec le VIH.