Etre circoncis réduit les risques de contamination par le VIH/SIDA. Une hypothèse soulevée depuis quelques années, et confirmée par une étude publiée ce mardi 3 septembre 2013, par la revue scientifique Plos Medecine. Mais cette pratique de prévention est inefficace chez les homosexuels, selon la même étude.
Bonne nouvelle pour les circoncis. Une étude révélée mardi 3 septembre vient confirmer des arguments avancés il y a quelques années. La circoncision est un bienfait pour la lutte contre le VIH/SIDA. L’étude menée entre 2007 et 2011, sur les hommes d’un bidonville en Afrique du Sud confirme les dires. Un programme de circoncision volontaire à grande échelle dans le bidonville d’Orange Farm atteste que la pratique réduit de 60% le risque d’être infecté par le VIH. Seul bémol… la communauté homosexuelle n’est pas concernée. Dans le cas de pratiques homosexuelles, cela revient au même qu’on soit circoncis ou pas. L’étude a pris en compte les 20 000 hommes de l’Orange Farm, en Afrique du Sud, âgés de 15 à 49 ans. Le bilan est incontestable : quoiqu’elle ne remplacera jamais l’efficacité du préservatif, la circoncision contribue bien à limiter la propagation du SIDA.
Une réduction de 60 %
Les résultats de l’étude sont sans appel : « le taux de nouvelles infections a baissé d’environ 60%, alors que les comportements sexuels (nombre de partenaires, usage du préservatif) n’ont pas changé », confirme l’étude. L’information n’est pas nouvelle, mais, elle est réactualisée en ce 3 septembre 2013, après la révélation d’une étude scientifique qui s’est référée au programme de circoncision volontaire mené en Afrique du Sud. Entre 2007 à 2011 (la durée de l’étude), le taux d’hommes circoncis du bidonville d’Orange Farm est passé de 12% à 53%, voire même à 58%, chez les moins de 29 ans. Et ce n’est pas fini. La circoncision s’est dévoilée principalement efficace chez les 15-29 ans, selon les chercheurs. Ces derniers estiment que le nombre d’infections par le SIDA aurait été de 28% plus élevé si ces individus n’avaient pas été circoncis au préalable.
« Les hommes circoncis sont deux fois moins infectés par le virus du SIDA que les hommes non circoncis », selon les propos de Bertran Auvert, investigateur de l’étude et professeur de santé publique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. « Si 20 millions d’hommes étaient circoncis dans les 14 pays d’Afrique Australe et de l’Est qui concentrent plus de la moitié des malades dans le monde, on pourrait réduire l’épidémie de 25% », a ajouté le Pr Auvert.
Selon les déclarations des chercheurs américains, français et sud-africains, la circoncision réduit considérablement la surface de peau comportant de nombreuses cellules immunitaires très sensibles au SIDA. L’opération fait développer sur la muqueuse une couche de cellule semblable à celles recouvrant la peau et qui limite l’entrée du VIH.
De plus en plus d’hommes circoncis
L’étude ne peut donc qu’encourager les hommes à se faire circoncire. Et surtout ceux qui se trouvent en Afrique. Car, comme l’a rappelé l’étude, la moitié des personnes contaminées par le SIDA résident en Afrique. « Chaque fois qu’on fait 5 circoncisions, on évite une infection par le VIH dans les 15 ans qui viennent », a déclaré le Pr Auvert. D’où l’importance pour lui de faire circoncire les hommes, surtout dans les zones les plus touchées par la maladie. Doit-on donc circoncire les personnes homosexuelles, qui sont parmi les plus touchées par la maladie du SIDA?
La circoncision est inefficace dans les pratiques homosexuelles
Dans certains pays comme la France, la population la plus touchée par le virus du VIH/SIDA, c’est la population masculine gay. Le risque de contamination est de 200 fois plus élevé que dans la population générale. D’autant plus que la circoncision n’a aucun effet de protection pour les homosexuels. Et si on invitait les homosexuels à se faire circoncire, « ça ne fonctionnerait pas du tout », rétorque le spécialiste, Auvert. Pour lui, « il est illusoire de penser que la circoncision puisse apporter quoique ce soit dans la situation (de la contagion des homosexuels) », notamment en France. « La circoncision confère une petite protection lorsque l’homme circoncis à un rapport insertif avec un homme séropositif mais pas lorsqu’il est pénétré » détaille le professeur. « Or dans la communauté homosexuelle, ces rôles insertif et réceptif changent beaucoup (…) On ne peut donc pas envisager de faire de la circoncision une méthode de prévention » chez les homosexuels. Et une étude faite par des chercheurs chinois confirme cette vision sur la communauté masculine gay.
Un prochain programme initié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et Onusida doit débuter bientôt et a pour objectif de circoncire 30 millions d’hommes. Une autre étude est en réflexion, dans le but de connaître l’impact de la circoncision sur les risques d’infection chez les femmes.