La Fondation Clinton, celle de l’ancien Président américain, a obtenu auprès de neufs firmes pharmaceutiques la baisse du coût de tests de dépistage et d’antirétroviraux. L’annonce, qui a été faite jeudi, intervient à l’heure où l’accès à des soins efficaces sur le continent devient une préoccupation majeure pour les spécialistes.
L’ancien Président américain Bill Clinton a annoncé, jeudi, la signature d’un accord avec neuf entreprises pharmaceutiques portant sur la réduction du coût de tests de dépistage rapides du sida et de son traitement par deux antirétroviraux de seconde génération. Il s’inscrit dans le cadre de l’Initiative de la Fondation Clinton contre le VIH/SIDA (Chai) dont l’objectif est d’aider, notamment les pays d’Afrique et de la Caraïbe, à concevoir « des stratégies de soins, de traitement et de prévention du sida ». En 2003 et 2004, la Fondation Clinton avait déjà obtenu des accords similaires concernant les antirétroviraux de première génération. Cinquante pays en voie de développement peuvent jouir de tarifs négociés.
Accéder à un traitement plus efficace, une urgence
Ils pourront ainsi acquérir des tests de dépistage rapide à un prix unitaire compris entre 49 et 65 cents. Le prix normal étant compris entre 80 cents et 1,44 dollar. En vingt minutes, le personnel médical peut être ainsi informé du statut sérologique d’un patient. L’Américain Chembio, le Chinois Shangai Kehua, l’Israélienne Orgenics, filiale de l’Indienne Inverness Medical Innovations en seront les fournisseurs. Ces prix permettront, selon l’ancien Président américain, aux Etats bénéficiaires de réduire de moitié les dépenses liées à l’acquisition de ce moyen de dépistage.
De même, les prix des traitements à l’Efavirenz et à l’Abacavir – deux molécules qui inhibent la multiplication du virus du sida – sont respectivement fixés à 240 et 447 dollars par an et par malade au lieu de 367 et 705 dollars (prix actuels). Les firmes indiennes Cipla, Ranbaxy, Strides Arcolab et la sud-africaine Aspen Pharmacare, fournies en ingrédients pharmaceutiques par les laboratoires indiens Matrix Laboratories, sont concernées par cet accord. Pour le Président Clinton, « c’est une première étape » qui devrait s’étendre, dans le courant de l’année, à d’autres antirétroviraux de seconde ligne. Des traitements qui, en Afrique, coûtent dix fois plus chers que ceux qui impliquent des molécules de première génération. Alors que ces derniers s’avèrent de moins en moins efficaces sur le continent.
Assurer gratuitement le traitement
L’accord intervient donc au moment où il est devenu urgent pour les plus de 25 millions d’Africains au sud du Sahara, qui vivent avec le sida, d’accéder à un traitement efficace. Car de plus en plus d’entre eux développent, à l’instar de nombreux patients dans le monde, une résistance aux antirétroviraux de première génération. Ce qui bien évidemment inquiète les acteurs de la lutte contre cette pandémie qui ravage le continent. D’autant plus que seulement 10% de ceux qui ont besoin d’un traitement ont la possibilité d’en recevoir. L’une des principales raisons à cette situation est la cherté des soins pour la majorité des malades. Leur gratuité est par conséquent indispensable pour garantir l’accès aux médicaments au plus grand nombre.
Après l’Afrique du Sud et l’Inde, le Nigeria, troisième pays au monde à être le plus touché avec 3,5 millions de séropositifs, l’a bien compris. Et le Club de Paris en lui accordant, en décembre dernier, l’annulation d’une partie de sa dette lui en a donné les moyens. Depuis ce mois de janvier 2006, les Nigérians qui dépendent du programme national de lutte contre le sida auront désormais accès gratuitement aux antirétroviraux. Fini les 1 000 nairas (environ 8 dollars) dont ils devaient s’acquitter chaque jour pour se procurer leur traitement. Débourser cette somme n’était d’ailleurs pas à la portée de la plupart. Une étude, réalisée par l’ONG française Médecins sans frontières (MSF), rapporte que 44% des patients traités ont interrompu à maintes reprises leurs traitements ou prenaient des dosages insuffisants par manque de moyens financiers. Le Nigeria prévoit également de doubler ses capacités d’accueil, soit la création de 33 centres autres, et de traiter, d’ici juin 2006, 250 000 personnes supplémentaires.