Le rapport 2008 de l’Onusida constate certains progrès en matière de lutte contre le sida en Afrique. Il souligne cependant que de nombreux efforts restent à faire en matière de prévention, d’accès aux antirétroviraux et de non stigmatisation des groupes vulnérables, comme les prostituées et les homosexuels.
Les sommes considérables investies ces dernières années pour lutter contre le VIH/SIDA en Afrique subsaharienne semblent porter leurs fruits, mais les progrès restent inégaux et nécessitent encore des efforts accrus, notamment dans le domaine de la prévention, selon le Rapport sur l’épidémie mondiale de sida 2008, publié le 28 juillet par le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA.
A l’échelle mondiale, les efforts financiers fournis par les bailleurs de fonds de la lutte -10 milliards de dollars en 2007- ont permis d’enregistrer des succès certains, a noté ce rapport, fondé en partie sur les documents présentés en juin aux Nations Unies par 147 pays pour évaluer leurs progrès réalisés depuis la « Déclaration d’engagement sur le VIH/SIDA », signée lors de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA (UNGASS) en 2001.
Ces récents succès concernent notamment une tendance à la stabilisation de l’épidémie, grâce entre autres à l’accélération de l’accès aux services VIH/SIDA et aux traitements antirétroviraux (ARV), dont trois millions de personnes des pays à revenus faible et intermédiaire bénéficiaient fin 2007, soit 10 fois plus que six ans auparavant, mais toujours moins d’un tiers des personnes qui en auraient besoin.
Le nombre de nouvelles infections est passé de trois millions en 2001 à 2,7 millions en 2007, tandis qu’environ deux millions de personnes sont mortes de causes liées au VIH/SIDA en 2007, contre 2,2 millions en 2005, selon le document, qui souligne néanmoins que 33 millions de personnes vivent avec le virus dans le monde et que « la stabilisation récente de l’épidémie ne peut masquer son principal aspect –son énorme tribut humain ».
Les progrès enregistrés dans la lutte contre l’épidémie ne sont cependant pas homogènes, note l’ONUSIDA. En Afrique subsaharienne, la plupart des épidémies de VIH semblent s’être stabilisées, mais souvent à des taux très élevés : au-delà de 15 pour cent dans sept pays d’Afrique australe, et au-delà de cinq pour cent dans sept autres pays, principalement en Afrique centrale (Cameroun, Gabon et République centrafricaine) et de l’Est.
L’Afrique de l’Ouest reste la région la moins touchée du continent, avec des taux nationaux de prévalence autour de deux pour cent. Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et l’un des plus touchés par l’épidémie en Afrique de l’Ouest, la tendance chez les femmes enceintes semble être à la stabilisation, tandis qu’elle est en régression dans d’autres pays, comme le Mali.
La prévalence du VIH parmi les jeunes femmes enceintes venant en consultation prénatale en milieu urbain ou rural a également baissé dans 14 des 17 pays disposant de données suffisantes pour évaluer la tendance sur les dernières années, parmi lesquels le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Burundi, le Rwanda ou encore le Zimbabwe, selon le rapport, qui souligne néanmoins que dans le cas des trois premiers pays, la baisse n’est réellement significative qu’en zone urbaine.
De manière générale, le recours au préservatif a augmenté chez les jeunes dans la plupart des pays, tandis que le pourcentage des jeunes ayant débuté leur vie sexuelle avant 15 ans a baissé, à quelques exceptions près, comme au Rwanda.
Les femmes sont toujours particulièrement vulnérables à l’infection. En ce qui concerne les enfants, les données restent rares, note le rapport. Le nombre de nouvelles infections parmi eux dans le monde semble avoir atteint un pic entre 2000 et 2002, mais dans les pays les plus gravement touchés par l’épidémie, comme le Zimbabwe et le Botswana, le VIH reste « la cause sous-jacente de plus d’un tiers de tous les décès d’enfants de moins de cinq ans », selon le document, qui précise que 90 pour cent des quelque 270 000 enfants de moins de 15 ans morts des suites du VIH/SIDA en 2007 se trouvaient en Afrique subsaharienne.
En termes de couverture du traitement antirétroviral dans le cadre de la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, le rapport souligne qu’à quelques exceptions près, notamment le Botswana qui fournit ces traitements à plus de 75 pour cent des patients, la couverture reste en dessous de 25 pour cent dans près d’une trentaine de pays africains.
Le rapport insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts entrepris ces dernières années, en mettant un accent sur l’amélioration des services de prévention de l’infection, notamment parmi les groupes les plus vulnérables (travailleurs du sexe, consommateurs de drogues injectables ou personnes ayant des relations sexuelles avec d’autres personnes du même sexe), des groupes qui font encore l’objet de discrimination, voire de criminalisation, dans deux tiers des pays du monde, selon le rapport, et notamment dans 41 pays d’Afrique subsaharienne.
Pour réellement enregistrer des succès majeurs dans la lutte contre l’épidémie, et ainsi atteindre l’un des Objectifs du millénaire pour le développement à l’horizon 2015 –dans le cas du VIH/SIDA, inverser la tendance de l’épidémie-, le rapport d’ONUSIDA recommande aux pays de « fonder [leur] action nationale sur les preuves irréfutables de ce qui marche ».
Par exemple, note le rapport, dans le cas des pays à épidémie faible ou concentrée, « la raison voudrait que le financement soit consacré avant tout aux services de prévention du VIH pour les populations les plus exposées au risque » -ce qui implique aussi de reconnaître ces groupes vulnérables et de les protéger.
Le rapport exhorte aussi les Etats à avoir un réel leadership dans la lutte contre l’épidémie et une vision à long terme, entre autres en luttant contre les inégalités qui augmentent le risque d’infection pour les personnes vulnérables et en impliquant davantage la société civile, notamment les personnes séropositives.
Retrouver ici le rapport de l’ONUSIDA