L’Onusida a mis au point des modules destinés à renforcer la lutte contre l’épidémie de sida chez les jeunes. Ces nouveaux outils de prévention seront officiellement lancés ce jeudi à Dakar (Sénégal), au cours de la Conférence internationale sur le sida en Afrique (d’ICASA 2008). Mary Otieno, conseillère technique pour le VIH/sida au Fonds des Nations Unies pour la population, revient sur l’objectif de cette initiative.
Notre envoyée spéciale à Dakar
L’Onusida se munit d’un nouvel outil pour faire reculer le VIH chez les jeunes. Une équipe de travail inter-institutions du Programme commun des Nations Unies contre le sida a créé des modules de prévention destinés à renforcer la guerre contre le virus mortel du sida. Ils seront lancés ce jeudi à Dakar (Sénégal), qui accueille actuellement la 15e Conférence internationale sur le sida en Afrique. Mary Otieno est conseillère technique pour le VIH/sida au Fonds des Nations Unies pour la population, l’une des dix organisations de l’Onusida. Elle explique comment est née l’idée de développer ces modules et ce qu’ils doivent apporter à la lutte contre le sida.
Afrik.com : Comment est née l’idée de développer ces documents ?
Mary Otieno : En 2006, il y a eu une révision systématique des programmes qui se concentrait sur les initiatives qui marchaient, en se basant sur les faits collectés dans le domaine du HIV et des jeunes. Ce document a été publié par l’OMS (Organisation mondiale de la santé, ndlr) via l’équipe de travail inter-institutions, qui est constituée des dix co-sponsors de l’Onusida, ainsi que de membres de la société civile, d’ONG, d’instituts de recherche, d’une académie…. Sur cette base, nous nous sommes dits : « Maintenant nous savons ce qui marche dans le secteur de la santé et de l’éducation. Donc qu’est-ce que nous pouvons faire ? ». Nous avons décidé de mettre au point des modules basés sur ces faits aux équipes des pays et de développer de courts modules pour eux.
Afrik.com : Que contiennent ces documents ?
Mary Otieno : Il y a des conseils généraux qui se penchent sur le VIH et les jeunes, ainsi qu’un cadre offrant des solutions, et ils y a six modules. L’un est consacré aux actions qui doivent être mises en place dans le secteur de la santé. Le deuxième concerne ce qu’il faut faire pour les jeunes au travail. Un autre s’adresse à l’éducation et aux réponses à apporter. Ensuite, un module explique ce qu’il est nécessaire de faire sur le plan humanitaire, un domaine négligé. Nous prêtons aussi attention à la communauté, là où les jeunes sont fortement concentrés, et aux jeunes les plus à risque : les jeunes travailleurs du sexe, les jeunes qui utilisent des drogues par voie intraveineuse et les jeunes MSM (les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, ndlr). Nous espérons que ces modules orienteront les équipes des pays pour qu’ils puissent accélérer leurs actions concernant le VIH et les jeunes.
Afrik.com : Quel est l’objectif des modules ?
Mary Otieno : L’équipe de travail souhaite fournir une réponse conjointe, accélérée et harmonisée au niveau des pays concernant le VIH et des jeunes. L’objectif de l’Onusida est de réunir les gens pour qu’ils agissent ensemble d’une manière coordonnée et cohérente. Les modules de conseils fourniront des orientations aux équipes de l’Onu dans les pays – y compris aux gouvernements, aux ONG, aux réseaux de jeunes et aux organisations – quant aux actions à mettre en place pour agir efficacement dans le domaine du VIH et des jeunes.
Afrik.com : La création de ces modules est-elle une façon de reconnaître que la façon de gérer le VIH et les jeunes était auparavant inappropriée ?
Mary Otieno : Pas nécessairement. Maintenant, nous savons ce qui marche à l’école parce qu’il y a des faits dans certains domaines. Pas tous les domaines, mais nous savons ce qu’il faut faire à l’école. Nous savons qu’un programme basé à l’école enseigné par les autres fonctionne : cela aide les jeunes à retarder l’âge auquel ils commencent leur sexualité, nous savons qu’ils utilisent des contraceptifs et des préservatifs s’ils sont informés. Nous savons qu’ils développent des aptitudes pour négocier, que ce soit dans le cadre de la violence ou encore de la résolution d’un conflit lié au port du préservatif dans une relation. C’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser ces faits pour guider les équipes des pays.
Afrik.com : Les modules s’alignent-ils sur les spécificités de chaque pays ?
Mary Otieno : Non. Nous avons expliqué dans les modules que pour chaque solution les pays doivent prendre en compte leur contexte, connaître la situation épidémique de leur pays et s’adapter en fonction de leurs besoins. Les modules donnent des conseils généraux que, pensons-nous, chaque solution devrait intégrer. Sur le lieu de travail, nous croyons que certaines choses doivent être mises en place, que l’on soit en Asie, en Afrique ou ailleurs. Mais en prenant en considération son contexte, il faut s’adapter à sa culture, ses politiques, son niveau épidémique.
Afrik.com : Le mot de la fin ?
Mary Otieno : Nous espérons que les gouvernements, les équipes nationales des Nations Unies, les jeunes, la société civile… vont utiliser ces modules. Ils pourraient être utilisés pour revoir les plans nationaux [de lutte contre le sida], le plaidoyer, la formulation de propositions – par exemple, pour la formulation de propositions par le Fonds Mondial. Nous espérons que les modules seront utilisés par tous ceux qui sont concernés par la thématique des jeunes.
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Sur la photo : Mary Otieno