Si loin…si proches


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Un cybercafé en plein coeur de Paris permet déjà aux Sénégalais de se jeter virtuellement dans les bras de leurs proches. Une cyber idée. Avec le progrès des nouvelles technologies, la distance finira par être une notion dépassée.

En plein quartier de la Goutte d’Or, non loin de Barbès. Un grand espace clair et aéré entièrement dédié à Internet, les murs ornés des travaux d’une résidente du quartier. Jusque-là rien de très original. Jusqu’à ce que l’on découvre, au fond de ce cybercafé dénommé Vis @ Vis , un ensemble de quatre ordinateurs séparés par des cloisons et dont l’un est surmonté d’une webcam. Ils disposent d’un système qui permet de téléphoner à l’étranger et de voir en même temps son correspondant. Bienvenue dans le monde de la visiophonie.

Abolir les distances

 » Quel temps fait-il à Dakar actuellement, Gilbert ? « .  » Très beau « , répond Gilbert en souriant. Sur l’écran, on voit le visage de Gilbert s’animer. Une petite fenêtre sur l’ordinateur nous transporte visuellement au Metissacana, un cybercafé de Dakar. Par la magie de la technique, Paris et Dakar se retrouvent, le temps d’une conversation, villes voisines. Et retrouver les siens qui sont à des milliers de kilomètres devient un jeu d’enfant.

L’idée est née d’une constatation assez simple. Un immigré africain dépense chaque mois entre 600 et 900 francs de cartes téléphoniques pour joindre les siens. Jean d’Eudeville et Loïc Audrain, à l’origine du projet, décident donc de mettre au point ce système de visiophonie. Beaucoup moins cher et bien plus pratique que le téléphone. Un échange de 20 minutes revient à 50 francs pour celui qui est à Paris et à 5000 francs CFA pour la personne à Dakar.

Cris du coeur

Une vingtaine de personnes ont déjà testé le système. Des Sénégalais, puisque pour l’instant le lien n’existe qu’avec Dakar. Tous en ont été très satisfaits.  » Nous avons eu une grand-mère de 60 ans qui n’était pas rentrée au Sénégal depuis 20 ans et qui a vu pour la première fois son petit-fils grâce à ce système. Egalement une mère et une fille qui se sont retrouvées avec ce formidable cri du coeur de la fille :  » Mamaaan « . Mais aussi un homme qui a profité de ses deux séances pour engueuler sa femme ! « , raconte Jean d’Eudeville.

Retrouvailles ou scènes conjugales, l’émotion est toujours présente. Gilbert confirme de Dakar qu’il assiste aux même réactions de son côté.  » Ça fait plaisir et chaud au coeur « , dit-il. Compte tenu de l’importance de la communauté sénégalaise à Paris et de leurs relations avec le Metissacana, les responsables du cybercafé Vis @ Vis ont opté pour une première expérience avec Dakar.  » Le fait que le Sénégal soit le deuxième pays le mieux équipé en Internet après l’Afrique du Sud et outre le Maghreb nous a aussi motivés « , explique Jean d’Eudeville.

Elargir les horizons

Vingt-cinq pays sont intéressés par le concept et dans quelques temps des immigrés autres que des Sénégalais pourraient bien se jeter virtuellement dans les bras de leurs proches.  » En étant à Barbès, nous sommes au plus près du public susceptible d’être intéressés et des besoins « , souligne Jean d’Eudeville. Raisonnement futé. Le petit Réda, 12 ans, qui a assisté à la démonstration entre Paris et Dakar n’en revient pas :  » Ce serait super que ça existe avec l’Algérie. Je pourrais amener ma mère et on pourrait discuter avec ma grand-mère à Oran. La voir, lui demander comment elle va. Ça me plairait « . Le concept plaît. Encore un bon exemple des nouvelles technologies mises au service de l’homme. A moins, bien sûr, d’en profiter pour sermonner sa femme !

Vis @ Vis, 18 rue Stephenson, 75018 Paris.

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