La première fois qu’il a foulé le sol sénégalais, c’était en 2017. A l’époque, le jeune Shogo Uozumi devait son séjour à la coopération entre le Japon et le Sénégal. Quatre ans après, le jeune Japonais, de façon bénévole, se retrouve à former de jeunes sénégalais en lutte olympique. Afrik.com l’a rencontré.
« Dans 10 ans, ils seront comme Reug Reug ». Ce dernier est un champion de lutte traditionnelle au Sénégal. Il venait d’être cité en exemple par Shogo Uozumi en désignant les jeunes enfants qu’il initie à la lutte olympique. C’est à 24 ans que le jeune Japonais débarque au pays de la Téranga. Il venait de décrocher son diplôme à l’université japonaise de lutte olympique. Dans le cadre du JICA (Japan International Coopération Agency), le natif de Hyogo a, de 2017 à 2019, été volontaire pour développer la lutte olympique, à Thiès, au Sénégal. Plus précisément au CNEPS (Centre national d’éducation populaire et sportive).
Mission terminée au Japon
« Par la suite, je suis rentré au Japon. J’ai demandé à la JICA d’envoyer un autre volontaire pour continuer à développer la lutte olympique. Sauf que la pandémie du Coronavirus va fausser tous nos plans. En effet, tous les volontaires de la JICA sont rentrés au Japon. Pendant la période du Covid, Cheikh Badiane a poursuivi l’apprentissage des jeunes enfants. Je lui avais fait la promesse de revenir pour continuer à faire la promotion de la lutte olympique avec les jeunes », explique le jeune Shogo, au four et au moulin.
En effet, les enfants dont il a su gagner l’amour et la sympathie, ne cessaient de le solliciter. Avec un sourire généreux, il répond à chacune des sollicitations. « Pendant les 3 ans passés au Japon, j’exerçais le rôle d’agent de sécurité parlementaire. Je travaillais pour le compte du ministre japonais de l’Éducation sportive. Sauf qu’il a par la suite quitté ce poste pour se retrouver comme gouverneur de la région d’Ishikawa après les élections générales de 2022. C’est après ces élections que je suis revenu au Sénégal, car ma mission au Japon était achevée ».
Un travail bénévole, par passion
Entretemps, il s’est passé beaucoup de choses. En effet, le Covid a plombé le développement de la lutte olympique, reconnait Shogo. « Il fallait quasiment tout recommencer. Ce qui n’était pas facile. Cela fait un an, depuis avril 2022, que je suis revenu au Sénégal pour continuer le travail commencé ». Shogo effectue un travail bénévole. « Nous ne sommes pas payés. En réalité, nous suivons notre passion, pas plus. Actuellement, nous avons fini de préparer les enfants pour le Drapeau du chef de l’État. Ils sont fin prêts et nous avons confiance en eux », confie coach Uozumi aidé par Cheikh Badiane, champion olympique.
Avant les séances d’entraînement, le jeune Japonais avait tenu à donner des conseils aux petits qui prendront part à la compétition qui se jouera à Saint-Louis. « Au Drapeau du chef de l’État, il faudra bien s’amuser. Que l’on gagne ou perde, il faut s’amuser », avait-il conseillé à ses poulains, au tout début des séances d’entraînement. Ils sont entre 30 et 40 jeunes à être initiés en lutte olympique au Centre FILA (Fédération internationale des Luttes associées). Ce centre a été créé en 2006 et a formé des adultes en lutte olympique, jusqu’en 2016. Pendant 10 ans, beaucoup de lutteurs ont été formés dans ce centre d’excellence. Parmi eux, « Isabelle Sambou, Adama Diatta, Cheikh Badiane, Anta Sambe », cite Shogo Uozumi.
JO de la jeunesse 2026 au Sénégal
« A l’époque, il y avait juste des séniors, mais pas d’enfants. C’est en 2017 que nous avons commencé à former les enfants avec le Centre départemental de développement technique de Thiès. C’est grâce à Mame Moussa Cissé que l’initiative a vu le jour. Ce dernier a pour objectif de développer tous les sports dans le département de Thiès », confie le Japonais. Avec les jeunes, outre le Drapeau du chef de l’État, il prépare les Jeux olympiques de la Jeunesse, en 2026, au Sénégal. Ce dernier rendez-vous étant une première en Afrique. Cela se jouera dans les villes de Dakar, Mbour ou Saint-Louis.
Pour ce qui est du Drapeau du chef de l’État, garçons et filles sont répartis en trois catégories : 30 à 35 kg nés en 2010 ; 35 à 40 kg nés en 2009 ; 45 à 50 kg nés en 2008. La lutte olympique, nous dit Shogo, nécessite de « bien réfléchir. Car, même lorsque l’adversaire tombe sur la tête, le combat n’est pas terminé, il faut continuer. La chute donne droit à des points ». Et de détailler : « quand on fait chuter son adversaire sur le dos, on gagne 3 points. Lorsqu’on le soulève pour le projeter au sol et qu’il tombe sur le dos, c’est 5 points ».
Participation à un gala de lutte simple
Au Sénégal, Shogo Uozumi pratique aussi la lutte traditionnelle, avec l’écurie Diakhao, à Thiès. D’ailleurs, il a un nom sénégalais : Songo Tine. « C’est depuis juin 2022 que j’ai rejoint cette entité sportive que j’accompagne. J’aide les lutteurs à performer dans la lutte olympique. Ce qui leur sert beaucoup dans les combats. J’accompagne les lutteurs lorsqu’ils ont des combats dans les arènes sénégalaises. Shogo soutient avoir une fois été tenté par la lutte traditionnelle. « J’ai une fois participé à un gala de lutte simple. C’était lors d’un combat organisé par Sidy Diakhaté, que j’ai d’ailleurs perdu ».
Le jeune Japonais dit adorer le Sénégal, du fait de la téranga (hospitalité). « Les Sénégalais sont gentils, ils sont ouverts et aiment accueillir les étrangers. En plus d’être humbles ». Au pays de l’hospitalité, tout n’est pas rose, admet-il, soulignant un grand défaut des Sénégalais : « ils ne sont jamais à l’heure. Et quand ils sont en retard, ils ne préviennent pas », déplore-t-il, non sans préciser que son plat préféré est le tchébou dieune bou wékh (riz au poisson sans tomate).