Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell fait sa repentance. Il regrette sa politique au Nigeria. Une politique qui a conduit à l’assassinat et à la pendaison des opposants à ses projets pétroliers. Un procès est actuellement en cours aux Etats-Unis contre la compagnie.
10 novembre 1980. Exécution par pendaison au Nigeria, malgré des protestations internationales, du poète Ken Saro Wiva et de huit autres militants ogonis après avoir été condamnés les 30 et 31 octobre par des tribunaux d’exception. La dépêche a créé des remous dans toutes les rédactions du monde. La compagnie Shell est désignée comme principale instigatrice de ces meurtres. C’est elle qui soutenait à bras-le-corps le régime corrompu du général Sani Abacha.
Le projet pétrolifère du groupe anglo-néerlandais au sud-est du Nigeria, au début des années 90, avait déclenché la colère des organisations de protection de l’environnement, dont le porte-flambeau était Ken Saro Wiva. Ce projet prévoyait le déplacement de la minorité ogoni et la spoliation de ses terres. Le formidable tollé soulevé par la mort de Ken Saro Wiva a conduit au boycott de la compagnie et à une action en justice.
La poésie n’est pas soluble dans le pétrole
Le fils de Saro-Wiva a intenté, en 1996, un procès contre la compagnie aux Etats-Unis. Procès que Shell a tenté vainement d’annuler. Le 28 février dernier, un juge new-yorkais a confirmé la validité du procès. Et c’est de Paris que Shell a décidé de faire sa repentance. Le président de Shell France, Christian Balmes, affirme que son groupe » s’est trompé au Nigeria « . Shell aurait estimé au début des années 1990 qu’investir et transférer des technologies au Nigeria apporterait des richesses et des revenus au pays. » Mais on s’est trompé. Ce n’est pas la technologie qui est importante dans ces pays-là, mais la répartition du revenu. Ce fut une prise de conscience « , note Christian Balmes.
Pour les Organisations non gouvernementales, cette repentance est trop tardive et surtout trop partielle. Elle intervient après la décision du tribunal de New York et passe sous silence la » complicité de Shell avec le pouvoir militaire nigérian « . Le feuilleton continue.