A l’issue d’un second procès, le magnat égyptien de l’immobilier Hicham Talaat Moustafa, a vu sa peine réduite à 15 ans de prison ferme. Condamné à mort lors du premier jugement, pour avoir commandité le meurtre de son ancienne maîtresse, la chanteuse libanaise Suzanne Tamim, en juillet 2008 à Dubaï, l’ancien membre dirigeant du parti au pouvoir a néanmoins fait appel de cette décision.
Un scénario à la Dallas : sexe, argent, politique, show-business et rebondissements. Le procès d’Hicham Talaat Moustafa captive le Liban et l’Egypte. Le magnat égyptien de l’immobilier, condamné à mort en mai 2009 pour avoir commandité le meurtre de la chanteuse libanaise Suzanne Tamim à Dubaï en juillet 2008, a vu sa peine réduite, mardi, à 15 ans de prison ferme lors d’un nouveau procès.
Le verdict à l’encontre de cet ancien pilier du Parti national démocrate (PND, au pouvoir) a été rendu mardi 28 septembre par la cour criminelle du Caire. La cour était chargée de réexaminer cette affaire très médiatisée après qu’un vice de procédure ait annulé le procès de mai 2009 qui condamnait à la pendaison le milliardaire.
Tuer Suzanne Tamim
Par ailleurs, Mohsen al-Sokkari a été condamné à 25 ans de prison ferme au lieu de la peine de mort requise lors du premier procès. Ce policier à la retraite avait été payé deux millions de dollars pour tuer Suzanne Tamim. (Il sera gracié en 2020 par Al Sissi)
La chanteuse libanaise, qui s’était fait connaître après avoir gagné un concours de jeunes chanteurs en 1996, avait été retrouvée morte en juillet 2008 dans son appartement de Dubaï. Elle avait été percée de plusieurs coups de couteau. Selon l’accusation, Mohsen al-Sokkari se serait rendu à son appartement en se présentant comme un employé de l’immeuble et l’aurait poignardée à mort. Le tueur, déguisé en employé, avait laissé des indices grossiers : il s’était laissé filmer par des caméras de vidéo-surveillance et son ADN avait été retrouvé sur le lieu du crime. C’est d’ailleurs grâce à ces indices qu’il avait été arrêté. Interrogé par la police, il avait indiqué agir pour le compte de Hicham Talaat Moustafa, avant de se rétracter.
Le motif du meurtre ? Crime passionnel. Selon les médias égyptiens, Suzanne Tamim avait eu une relation intime avec M. Moustafa durant trois ans. Celle-ci s’était terminée plusieurs mois avant le meurtre. Des journaux avaient rapporté à l’époque du premier procès que le magnat aurait offert 50 millions de dollars à sa partenaire pour qu’elle devienne sa femme. Offre qu’elle avait refusé, quittant l’Égypte pour Londres, avant de s’installer à Dubaï avec son nouveau mari, le champion irakien de kickboxing Riyad al-Azzawi.
Les avocats des prévenus font appel malgré cette réduction de peine !
Même si la réduction de peine est flagrante par rapport au premier procès, les avocats des deux condamnés, qui avaient plaidé non-coupable, ont fait savoir qu’ils allaient faire appel.
En effet, le verdict n’était pas attendu mardi, l’audience programmée étant en principe consacrée à l’audition de témoins et au plaidoyer de la défense. « Nous nous attendions à ce le juge appelle à son retour les témoins à la barre. Au lieu de cela, il a annoncé le verdict », a affirmé Me Atef al-Manawy.
Le juge Adel Abdessalam Gomaa a affirmé quant à lui que la cour avait le droit de prononcer le verdict car la défense s’était déjà exprimée lors d’une audience précédente.
Il est tentant de faire le lien entre le fait qu’Hicham Talaat Moustafa soit proche des sphères du pouvoir et cette réduction de peine. Mais il semble que ce soit sa fortune qui lui ait sauvé la tête : le juge a expliqué ouvertement la réduction de la peine à l’encontre de Talaat Moustafa par le fait qu’une « diyya (prix du sang) ait été payée à la famille de la victime », sans donner le montant de cette compensation financière. Les parents et le frère de la chanteuse avaient d’ailleurs indiqué en mai dernier qu’ils renonçaient à leurs poursuites, sans toutefois faire état d’une compensation.
En plus des deux prévenus, ce jugement aura également profité à TMG, la société d’Hicham Talaat Moustafa, présente dans le secteur touristique à travers la construction, l’immobilier et les projets résidentiels de luxe, dont l’action est montée de plus de 5% à la Bourse du Caire aussitôt après l’annonce du nouveau verdict.