Journée bien chargée pour le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, en visite officielle à Bamako, ce mardi. Conférence de presse conjointe avec son homologue malien, décoration dans l’Ordre national du Mali, tête-à-tête avec le Président de transition, Assimi Goïta. Retour sur cette journée.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a entamé, ce mardi, une visite officielle au Mali. Il a été accueilli dans la nuit à l’aéroport international Modibo Keïta de Bamako par son homologue malien, Abdoulaye Diop.
Une visite ponctuée de décoration
C’est par une cérémonie de décoration que les deux ministres ont débuté cette journée du mardi. Le chef de la diplomatie russe a été décoré au grade de commandeur dans l’Ordre national du Mali. C’est Abdoulaye Diop même qui a remis à son homologue la distinction au nom du Président Assimi Goïta. Cette décoration a un sens, à en croire la partie malienne. Pour Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie russe a pris un certain nombre de décisions qui « ont permis de renforcer la coopération entre le Mali et la Fédération de Russie, notamment en renforçant les capacités de défense et de sécurité du Mali, qui aujourd’hui font la fierté des Maliens et donnent des résultats probants sur le terrain ».
Il poursuit en indiquant que « la Russie en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations Unies a, de façon constante, apporté son soutien à la préservation et à la défense de l’unité de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Mali ».
Prenant la parole à son tour, le diplomate russe n’a pas caché sa joie non seulement d’être au Mali, mais également de bénéficier de cette décoration. « Nous sommes très contents de défendre avec vous de telles valeurs comme la justice sur la scène internationale. La Russie, par le biais de son Président, Vladimir Poutine, mène une politique qui vise (…) à défendre le monde du droit international. Encore une fois, nous sommes très honorés de cette distinction », a-t-il laissé entendre.
Une coopération au beau fixe
Au cours de la conférence conjointe tenue par les deux ministres, à la suite de la cérémonie de décoration, ils ont présenté un point de la coopération. Et Sergueï Lavrov a fait des promesses. Au total, la coopération est au beau fixe entre les deux pays. C’est ce que témoigne d’ailleurs cette visite du premier responsable de la diplomatie russe au Mali. Les autorités maliennes affichent ainsi clairement les bonnes relations qui lient leur pays à la Russie. Et Sergueï Lavrov de promettre : la Russie va continuer à aider le Mali « à améliorer les capacités combatives de son armée, à former les militaires et les policiers ».
« Nos amis maliens ont des demandes précises, elles sont systématiquement satisfaites (…) L’année dernière et au début de cette année, la coopération dans les domaines militaire et militaro-technique a connu un nouveau développement. Un important lot de matériel aéronautique russe a été envoyé, grâce auquel l’armée malienne a récemment réussi à mener à bien des opérations contre les terroristes, qui restent jusqu’à présent actifs sur le territoire malien », a poursuivi le Russe.
De son côté, Abdoulaye Diop est venu en appoint à son homologue russe en confirmant que le partenaire russe répond efficacement aux requêtes maliennes. Le pays de Assimi Goïta assume bien sa coopération avec la Russie et n’entend pas apporter des justificatifs quant aux choix de ses partenaires. « Le Mali veut aussi montrer et démontrer que nous n’allons pas continuer à nous justifier pour le choix de nos partenaires. Cette décision est une décision malienne, prise en toute responsabilité. Et le Mali veut travailler avec la Russie comme avec tous les partenaires de nos partenaires qui inscrivent leurs actions dans le cadre de principes clés », a martelé le diplomate malien.
Sergueï Lavrov lance des piques aux anciennes métropoles
Au cours de la conférence de presse, Sergueï Lavrov ne s’est pas privé du plaisir de lancer quelques piques aux anciennes métropoles européennes. Lesquelles métropoles voient mal la percée de la Russie dans leurs anciennes zones d’influence. Pour le diplomate russe, les temps ont changé. Et les anciennes métropoles devraient se mettre dans l’air du temps. Il invite tout simplement ces métropoles à oublier l’époque où elles « ont saisi et exploité » l’Afrique. Les anciens pays colonisateurs « doivent s’habituer au fait que le monde a changé et que la déclaration d’indépendance des pays et peuples coloniaux de 1960 n’était pas une parodie diplomatique, comme il est maintenant coutume de le voir avec certains accords en Occident, mais que c’était un document approuvé à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies, et qu’il est obligatoire de le remplir », souligne-t-il.
Vers une meilleure coopération économique entre les deux États
Cette visite, la première d’un ministre des Affaires étrangères russes au Mali, vise entre autres à renforcer la coopération économique entre les deux pays. Dans ce sens, Sergueï Lavrov projette la livraison de blé, d’engrais et de produits pétroliers par la Russie au Mali dans un avenir proche. De même, des investissements russes dans l’exploitation des réserves minérales, l’exploration géologique, l’énergie, l’agriculture, les transports et les autres infrastructures sont à inscrire au chapitre de la coopération économique entre les deux pays.
Au palais de Koulouba
Dans cette même journée, le Président de transition, Assimi Goïta, a reçu en audience le ministre russe des Affaires étrangères et sa délégation. Le renforcement de la coopération a été une fois de plus discuté de long en large. « Il a notamment été question de la coopération entre le Mali et la Russie, du plan de développement de nos relations qui doit correspondre à nos intérêts mutuels », lit-on dans le communiqué de la Présidence malienne. Aucun domaine de la coopération n’a été épargné, de l’économie aux questions humanitaires et culturelles en passant par la sécurité, la défense.