Le centenaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor a été officiellement célébré ce lundi au Sénégal et en France. La mémoire du poète, père de la négritude et premier Président du Sénégal indépendant, a suscité plus d’engouement en France que dans son pays d’origine.
Il est des paradoxes qui frappent. Et celui que livre, ce lundi, la célébration du centenaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor (1906-2001) est de ceux-là. Le souvenir du grand homme a engendré plus d’enthousiasme en France qu’au Sénégal, sa terre de naissance. L. S. Senghor n’a attiré ni les foules ni les élites politiques sénégalaises dans les manifestations organisées en son honneur, à Joal, la commune où il est né, en 1906, sur la Petite Côte du Sénégal.
Absence des hauts représentants de l’Etat sénégalais
Seuls quelques notables locaux et André Gérin le député maire (PCF) de Vénissieux, une ville française jumelée avec Joal, étaient présents à l’ouverture des célébrations dans la cour de la maison familiale des Senghor. A la grande déception du comité d’organisation local, aucun haut responsable de l’Etat n’était présent excepté Joseph Ndong, le ministre des Postes et télécommunications, originaire de la région. Sur la place du quartier « Ndoubab », des exhibitions de danse traditionnelle et des discours ont été tenus devant quelques dizaines de spectateurs seulement.
Une source proche de la municipalité de Joal a déclaré à l’AFP que ni les moyens consacrés ni la promotion autour de l’événement n’avaient été à la hauteur. En début de semaine dernière, le ministre sénégalais de la Culture , Mame Birame Diouf, avait reconnu « avoir moins médiatisé l’événement qu’à l’étranger ».
La densité de l’actualité présente et à venir peut expliquer cette désaffection. La tenue d’élections générales en février 2007, les coupures d’électricité pléthoriques, l’épineux dossier de l’émigration occupent sans doute plus les esprits des Sénégalais. Cependant, l’exil de Senghor en Normandie à la fin de sa vie, et le bilan de sa mandature à la tête du pays expliquent peut-être aussi le peu d’intérêt de la population et de ses plus hauts représentants pour les célébrations données en l’honneur du centenaire de sa naissance.
Pléthore de manifestations en France
En France, par contre, de nombreuses manifestations ont eu lieu, à Rouen, Grenoble, Verson… C’est à Paris qu’elles ont été les plus nombreuses. Dans cette ville, le maire, Bertrand Delanoë, a inauguré une passerelle Léopold Sédar Senghor en présence de l’ancien Président sénégalais et actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf. Ce dernier a également clôturé un colloque organisé sous le haut patronage du Président français Jacques Chirac, à la Bibliothèque François Mitterrand, et intitulé Senghor et les puissances de l’écriture. Un public attentif est venu écouter les nombreux écrivains et personnalités invités : Henri Lopès, Boniface Bongo Mboussa, Souleymane Bachir Diagne…
Expositions, débats, pièces de théâtres… des initiatives privées ont également émaillé, dans la capitale, cette journée de commémoration d’un homme dont l’héritage ne provoque manifestement pas la même adhésion d’un pays à l’autre.