Première du genre, la « foire aux problèmes », organisée par le mouvement « Y en a marre », a rassemblé beaucoup de monde dimanche à Dakar. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle n’ont d’ailleurs pas manqué le rendez-vous pour aller à la rencontre des populations.
Il y avait du monde ce dimanche dans les allées de la « Foire aux problèmes ». Organisé à Colobane, un quartier de Dakar, par le collectif « Y en a Marre », l’événement marque l’anniversaire du mouvement né l’hiver dernier dans un petit appartement autour d’une tasse de thé et à la lumière d’une bougie. « Cette foire, c’est une initiative citoyenne qui vise à replacer les préoccupations des Sénégalais au cœur du débat public, explique Fadel Barro, le coordonnateur du mouvement. C’est une manière de mettre en vedette les problèmes des Sénégalais et de faire en sorte que l’on en discute. »
Plusieurs syndicats et associations ont répondu favorablement à l’invitation des « yenamarristes » pour présenter leurs doléances. Ainsi, les travailleurs de la Sonatel, la société nationale des télécommunications, protestent contre la surtaxe instaurée par le gouvernement sur les appels entrants. Les vendeurs ambulants réclament des cantines pour pouvoir vendre leurs marchandises sans encombrer les trottoirs. Les boulangers et les diplômés chômeurs comme on les appelle sont également présents pour exposer leurs soucis. Parmi les nombreux stands, d’autres dénoncent des maux comme l’impunité, l’accaparement des terres ou la surcharge dans les cars rapides. « Le problème n°1 c’est le panier de la ménagère. Le riz, l’huile, le sucre, le lait, le gaz, tout est devenu cher ! », s’exclame Aminata Diop, 52 ans, mère de trois enfants dans le quartier populaire de la Médina devant le stand illustrant la flambée des prix des denrées de première nécessité.
« Y en a marre » avait convié pour l’occasion les différents candidats déclarés à l’élection présidentielle du 26 février prochain. « Cela permet aux porteurs de problèmes de rencontrer ceux qui disent avoir des solutions à leurs problèmes », analyse Fadel Barro. Parmi les prétendants au fauteuil d’Abdoulaye Wade, Ousmane Tanor Dieng, Ibrahima Fall, Cheikh Bamba Dièye, Amsatou Sow Sidibé, Cheikh Tidiane Gadio, Bara Tall et Talla Sylla ont fait le tour des stands. Youssou Ndour est lui arrivé alors que les « yenamarristes » tenaient un petit concert une fois les portes de la foire fermées. « Cette foire participe à la construction d’une nouvelle citoyenneté », a ainsi estimé Talla Sylla, l’un des dirigeants du mouvement étudiant à la fin des années quatre-vingt et président de Jëf-Jël. « Nous avons tout subi dans ce pays : les brimades, les bastonnades, la solitude même parfois, a poursuivi celui qui fut agressé à coups de marteau par des hommes de main du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) en 2003. C’est très réconfortant de constater qu’une nouvelle génération émerge et réussit par son génie à aider son peuple. »
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