Au Sénégal, une partie de la population de Cayar, dans le département de Thiès, s’est rebellée contre l’installation d’une usine de fabrication de farine et d’huile de poisson dans leur localité, un projet espagnol. Le combat est porté par le collectif Taxawu Cayar, soutenu dans sa démarche par Green Peace. C’est une longue bataille qui est ainsi engagée entre partisans et pourfendeurs du projet, tandis que les autorités de l’Etat gardent le silence.
Des populations de Cayar, l’un des quais de débarquement de la pêche artisanale les plus importants au Sénégal, se sont dressées pour dire non à Barna Sénégal, filiale d’uns société espagnole, qui a engagé les travaux de construction d’une usine de fabrication de farine et d’huile de poisson dans la localité. La polémique autour de ce projet est telle que la population locale est divisée en deux camps, les partisans et les pourfendeurs, qui se sont retrouvés autour d’un collectif dénommé coalition Taxawu Cayar.
Les détracteurs de l’usine, dont les travaux de construction sont en cours d’achèvement, estiment qu’elle ne fera que contribuer davantage à la destruction de la ressource halieutique si déjà fortement fragilisée. Il s’y ajoute, aux yeux de Sokhna Maty Ndao, présidente des femmes transformatrices, l’impact très négatif sur l’environnement, avec à la clé la réduction drastique de l’espérance de vie. Elle ajoute, sous un air de tristesse, « c’est un paradoxe de voir l’installation de cette usine, un facteur de raréfaction des ressources, au moment où l’Etat prend différentes initiatives pour améliorer les quais de pêche, les sites de transformation ». D’où à ses yeux la nécessité d’une mobilisation générale pour préserver ce qui reste encore des ressources.
Jusqu’ici, les autorités de l’Etat gardent le silence par rapport à cette affaire. Pourtant, dès l’entame des travaux de construction de l’usine, la lutte avait contraint l’autorité administrative à prendre une mesure de suspension, mais ladite mesure a ensuite été levée. Pour Sokhna Maty Ndao, il faut que l’Etat prenne ses responsabilités pour se prononcer sérieusement sur cette question aussi stratégique. Qu’à cela ne tienne, dit-elle, la lutte ne s’arrêtera pas tant qu’une mesure de fermeture de l’usine n’est pas prise.
Mor Mbengue coordonnateur du collectif Taxawu cayar, enfonce le clou en révélant que l’usine est implantée dans une zone lotie avec 1 134 parcelles à usage d’habitation, d’où une réelle menace sur la santé de milliers de gens. Pour lui, si l’usine est rendue opérationnelle, la gestion durable des ressources, qui a été un cheval de bataille à Cayar, ne sera plus qu’un lointain souvenir. Sur le plan purement économique dit-il, avec cette usine, il est clair que les activités de toutes les femmes transformatrices de Cayar, qui font vivre beaucoup de familles d’ici et d’ailleurs, vont à jamais disparaître, ce qui va occasionner une déchirure sociale.
Alioune Ndoye Maire de Cayar, fait partie des partisans de l’implantation de l’usine. Selon lui, tout le chapelet de nuisances égrené par les détracteurs ne relève en vérité que de l’intoxication car en réalité, le projet offre des opportunités économiques en terme de fiscalité pour la collectivité territoriale et d’emploi pour les populations. C’est un homme d’affaires espagnol, par le biais de son partenaire sénégalais, qui a engagé la mise en œuvre de ce projet; Barne, avec un investissement de 7 milliards de FCFA.