Dans l’est du Sénégal, la ville de Tambacounda est secouée depuis plusieurs semaines par une sombre affaire de meurtres en série sur des déficients mentaux.
Crimes mystiques ou sordides assassinats teintés de méchanceté ? Une série de meurtres commis sur des déficients mentaux défraie la chronique, ces dernières semaines à Tambacounda, dans l’est du Sénégal.
Selon la presse locale, lundi matin encore, un déficient mental d’environ 45 ans a échappé à une tentative d’assassinat orchestrée par deux individus non identifiés, mis en fuite par un passant. En tout, ce ne sont pas moins de six meurtres qui ont été recensés par les autorités ces dernières semaines. Des meurtres qui agitent la population, tant par le fait qu’ils aient été commis exclusivement sur des déficients mentaux, que par l’état, jugé « inhumain » par la police locale, dans lequel les corps ont été retrouvés. Certains témoins vont jusqu’à parler d’organes qui auraient été emportés par les bourreaux à l’issue de leur funeste besogne.
Après le dernier meurtre, en date le 20 février, où la victime âgée de moins de 20 ans avait été retrouvée gisant dans une marre de sang, la tête sauvagement fracassée par une brique, des sentiments de peur et de révolte règnent chez la population locale. Pour répondre à ces inquiétudes, le haut commandant de la gendarmerie nationale, le Général Mamadou Guèye Faye, a annoncé dimanche que l’enquête était « en bonne voie », faisant part de son optimisme quant à une prochaine arrestation des auteurs des crimes, selon l’Agence de Presse Sénégalaise. Il a par ailleurs assuré que ses hommes étaient « déterminés », même si aucun des meurtres n’a pour l’heure été élucidé.
Une situation dont s’émeut l’Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance des Malades Mentaux (ASSAMM), qui a dénoncé un manque de réaction efficace des autorités. « Jusqu’à présent l’Etat est incapable de mettre la main sur les auteurs de ces crimes. C’est inadmissible dans un Etat de droit », a ainsi déploré le président de l’association, Ansoumane Dione.
Une marche de protestation est prévue à l’initiative de l’ASSAMM le 2 mars, afin d’inciter les autorités à prendre rapidement des mesures. « Nous sommes mobilisés pour défendre les droits des malades mentaux. Nous allons protester contre les tueries. Nous allons exiger l’application de la loi protégeant les malades mentaux ».
Au Sénégal, des déficients mentaux ont déjà été victimes de sacrifice humain par le passé, du fait d’une pratique parfois conseillée par des féticheurs à certaines personnes se trouvant dans une situation « très critique ».
