Un bénin mal de dent se transforme en malédiction après une visite chez le dentiste. Mariama Kesso Diallo vit presque recluse dans son village de Djimini, à 2 km de la commune de Vélingara située à 800 km de Dakar, depuis son retour de la ville gambienne de Serrekunda, il y a quatre ans. Elle a été abandonnée par un époux qui ne supportait plus de la voir à ses côtés sur le lit conjugal, à cause d’une volumineuse tumeur mandibulaire qu’elle a développée.
(De notre correspondant)
Mariama Kesso Diallo est une femme parmi d’autres, qui vit à Djimini, village situé à 2 km de Vélingara. Debout, du haut de ses vingt ans, Mariama n’a que les travaux, champêtres et domestiques : aller au puits, piler le mil, faire la cuisine, aller aux champs. On ne la surprendra jamais au milieu de ses amies d’enfance, toutes hilares, débattant sur l’actualité locale ou discutant de mondanités. Elle les a quittées, il y a sept ans, pour un mariage avec un cousin à Serekunda, en Gambie.
« J’ai honte de m’exposer »
Mariama, connue pour sa beauté dit, avec une moue qui en dit long sur une gêne non feinte : « j’ai honte de m’exposer, de fréquenter des milieux populeux. Le regard insistant que l’on pose sur moi m’importune ». Il est vrai que cette volumineuse tumeur sur la mâchoire gauche a défiguré cette jeune fille de taille moyenne et de teint noir. Elle semble faire plus que son âge, avec des traits tirés, toujours voilée pour cacher cette grosse tumeur. Et pourtant, Mariama fréquente le populeux marché central de sa ville. Elle trime dur pour subvenir à ses besoins. « Cela m’aide à résoudre certains besoins financiers liés à mes soins de santé et à mon habillement », confie-t-elle.
« Mon époux m’a abandonnée, à cause de ma maladie »
Saliou Diallo ne s’était marié avec la jeune Mariama Kesso Diallo que pour le meilleur. Pas pour le pire. La lune de miel et les moments d’échanges de civilités et de partage de bonheur n’ont pas survécu à la maladie de l’épouse, à laquelle, on avait promis le paradis sur terre, en terre étrangère de Gambie, loin des parents. Un bénin mal de dent, alors que leur premier enfant était né, a suffi à faire de la vie du couple un enfer, de sa vie à elle, surtout. Mariama Kesso raconte : « Je me suis fait arracher une dent, dans un hôpital de Banjul. C’est par la suite que j’ai senti d’atroces douleurs au niveau des gencives, malgré la prise de médicaments. Quand la joue enflait davantage, on m’a amenée au Royal Victoria Hospital de Banjul. Nous y sommes allés deux fois seulement. Une seule fois, mon époux a acheté les médicaments ». C’est le début du calvaire de la Sénégalaise, en terre gambienne.
Le témoignage de ses parents
La mâchoire enflait, le mal était de plus en plus atroce. Et le cousin affichait de moins en moins la volonté de la soigner et de partager le même lit. « Finalement, une de mes tantes m’a hébergée. Malheureusement, elle n’avait pas assez de moyens pour me soutenir », raconte-t-elle. Son Papa, Samba Diouma Diallo confirme et ajoute : « depuis quatre ans que ma fille est là, son mari n’est pas venu la voir et n’a pas envoyé de mandats. Le divorce est, de fait, consommé ». Mariama Kesso Diallo ne veut plus entendre parler de son ex-époux. Elle déclare, amère : « il m’a abandonnée, je ne veux plus entendre parler de cet homme. Je ne suis pas responsable de ma maladie, au contraire, c’est chez lui que ce sort m’a surprise. »
Pour l’instant, Mariama ne sent pas trop de douleurs. Elle dit : « C’est la dureté de la joue qui me gêne. Les douleurs sont intermittentes et ne durent pas longtemps. Mais il paraît qu’à la longue la tumeur peut empirer. » Mariama Kesso n’arrive pas à se brosser les dents, ce qui laisse exhaler une haleine insupportable. Et puis, selon son papa, Samba Diouma Diallo, « ma fille suffoque la nuit, à en perdre le souffle et ronfle beaucoup. » Le père, face à sa situation de démuni, sollicite le soutien de toute personne capable de financer les soins de sa fille dans une structure hospitalière du Sénégal.