Un bateau de 320 places chargé de faire les rotations entre Dakar et Ziguinchor, devrait être mis en service à partir du 15 avril prochain. Il permettra de rallier la capitale à la région enclavée de la Casamance, dans le Sud du pays. Cette liaison sera assurée par un ferry privé affrété par la société Africaine de gaz (Agaz). Il remplace provisoirement le Joola qui avait fait naufrage en septembre 2002.
Par Badara Diouf
Un navire pour remplacer temporairement le Joola. Le catamaran de construction polonaise MS/Opal, appartenant à la société Africaine de gaz (Agaz), devrait être chargé d’acheminer les Dakarois et les Casamançais à bon port à partir du 15 avril prochain. L’Agaz a rempli la quasi totalité des exigences maritimes pour effectuer le transport des usagers et attend un imminent ultime visa d’exploitation de la part du ministère des Marines marchandes. Le premier voyage entre Dakar-Ziguinchor est prévu le 15 avril prochain.
Le catamaran de 320 places a eu l’autorisation d’exploiter les correspondances Dakar-Ziguinchor (dans le Sud du pays). « Nous sommes prêts à transporter les usagers depuis le 1er avril, mais nous attendons le feu vert permettant de pouvoir faire la liaison entre le port de Dakar et celui de Ziguinchor. Feu vert qui doit nous être délivré sous peu, par la direction de l’Economie marine (organe du ministère des Transports et de l’Equipement, ndlr), qui a sous sa tutelle les deux ports du pays », déclare Ba Demba, directeur de l’Africaine de gaz, chargé de la mise en œuvre du projet jusqu’à sa finalisation.
Six mois d’exploitation de la ligne
Une multitude de conditions strictes (normes de sécurité, expérience de l’équipage et visite technique sur l’état du bateau) était imposée pour l’obtention de l’autorisation de naviguer. Mais la société Agaz, qui achemine déjà des voyageurs entre Dakar et Banjul (Gambie) avec une fréquence de trois voyages par semaine, jouissait d’une expérience qui a fait la différence. « Nous ne pouvions pas laisser ce marché à n’importe quelle société privée sans nous assurer de son sérieux et surtout du respect des normes de sécurité après le désastre du Joola », nous confie Ndiaye Omar, directeur des Transports maritimes intérieurs et du port (organe du ministère des Transports et de l’Equipement), en poste à Dakar.
« La ligne maritime entre Dakar-Ziguinchor n’a jamais été interrompue mais les postulants à l’exploitation de ce trafic ne réunissaient pas assez de garanties pour avoir notre accord. Seule la société Agaz a réuni nos critères de sécurité. Cependant, elle a une autorisation de six mois pour exploiter le transport des voyageurs et cela à partir du mois d’avril pour remplacer le Joola. Au delà de ce délai provisoire, l’Etat sénégalais devrait prendre la relève, car il a déjà affrété un navire indonésien, à quai au port de Casablanca (Maroc, ndlr) et qui devrait rejoindre Dakar », ajoute Monsieur Ndiaye. Ce premier bateau d’affrètement de l’Etat est appelé à être définitivement remplacé par un navire en construction flambeau neuf (estimé à plus de 8 milliards de Fcfa, ndlr) qui devrait voir le jour d’ici deux ans.
Beaucoup de clients potentiels
La fréquence des voyages du navire entre les deux villes permettra des départs de Dakar tous les vendredis à 16 h 00 locales pour rejoindre Ziguinchor à 10 h. Pour les retours, ils se feront tous les samedis à 16 h en direction de Dakar. Les prix des billets d’embarquement seront de 10 000 Fcfa pour la classe économique, 15 000 Fcfa pour la seconde classe et de 22 000 Fcfa pour les places VIP (première classe). Des prix qui devraient trouver preneurs depuis la suppression de la liaison aérienne entre Dakar et Ziguinchor.
« Air Sénégal International n’assure plus les vols entre Dakar et la Casamance depuis plus d’un mois », nous révèle Monsieur Ba de l’Agaz. Les voyageurs devraient y trouver leur compte en empruntant à nouveau la mer. Axe de transport qui s’avère moins coûteux et qui devrait permettre à beaucoup de gens de renouer avec le Sud du pays, surtout les commerçants, lésés par ce manque de transport qui dure depuis plus de deux ans et demi. Le manque de bateau obligeait beaucoup à voyager par la route. Une route mal bitumée et peu sûre avant la paix signée cette année entre les rebelles casamançais et le gouvernement dakarois. La route maritime, à nouveau opérationnelle, peut aussi être vue comme un facteur d’unité nationale.