Sénégal : un avocat de Karim Wade brise le silence imposé par le pouvoir


Lecture 3 min.
arton30038-8e334.jpg

En prison depuis le mercredi 17 avril dernier, Karim Wade semble avoir été mis aux oubliettes. En effet, moins d’une semaine après son incarcération, ses avocats, à savoir Mes Ciré Clédor Ly et autre Demba Ciré Bathily ne se prononcent plus sur son cas, du moins en public. Ce qui a valu sans aucun doute le recrutement d’un avocat français pour défendre le fils de l’ancien Président du Sénégal, Me Abdoulaye Wade.

De notre correspondant à Dakar

« Karim aussi combatif qu’un leader politique »

L’ordre des avocats du Sénégal aurait interdit toute communication concernant le dossier Karim Wade. Ce qui justifierait le silence du pool d’avocats sénégalais de Karim Wade. Si ces derniers sont interdits de parole, tel n’est pas le cas pour Me Pierre-Olivier Sur, avocat français recruté par la famille Wade et qui a tenu un point de presse ce mardi 7 mai dans la capitale sénégalaise. « Karim est un homme courageux et fort qui vit cet ostracisme comme une épreuve dont il sortira grandi. Nous l’avons trouvé aussi combatif et déterminé qu’un leader politique à l’approche d’une campagne électorale », a confié hier Me Sur pour rassurer les partisans et sympathisants de Karim Wade. Et de déplorer la tentative d’isolement du fils d’Abdoulaye W ade par les nouvelles autorités sénégalaises. « Nous dénonçons l’isolement qui lui est imposé. Notre client n’a pas droit à des visites à part celle de ses avocats. Ce qui est inadmissible ». Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris va plus loin en indexant la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) qu’il juge illégale.

« Victime d’un règlement de comptes politique »

« Karim Wade est poursuivi selon une procédure dite d’exception qui, par une loi de 1981, a été destinée à réprimer l’enrichissement illicite. Or, cette loi a été abrogée depuis lors. En réalité, le code de l’organisation judiciaire du Sénégal ne l’a pas reconduite dans sa loi organique de 1984. Dès lors, à compter de 1984, la Crei est une juridiction qui n’existe plus », note-t-il avant de charger Mack Sall. « Le Président de la République a cru pouvoir le faire renaître de ses cendres en 2012 par un simple décret. Ce qui est juridiquement impossible, puisqu’un décret ne peut faire revivre ce qu’une loi a abrogé », lance Me Sur avant de discréditer la Crei. « A défaut de procédures devant la Crei, le seul texte qui serait susceptible de s’appliquer en l’espèce, est l’article 101 de la Constitution, c’est-à-dire la compétence de la Haute Cour de justice », lance l’avocat qui taxe l’arrestation de Karim Wade de « chasse aux sorcières qui relève d’un règlement de comptes politique détestable dont son victimes certains membres influents du Parti démocratique sénégalais ».

« Macky Sall a échoué comme François Hollande »

Me Pierre-Olivier Sur n’y est pas allé par le dos de la cuillère. Il a en effet osé faire un parallèle entre le Sénégal et la France, notamment entre les deux Présidents. « Macky Sall et François Hollande ont été tous les deux élus, à quelques jours près, il y a un an. Tous deux ont porté l’espoir du peuple en pleine crise économique avec un discours appuyé par une coalition socialiste, stigmatisant le pouvoir de l’argent et appelant au partage des richesses. Un an après, tous les deux ont échoué. Ils cherchent alors à réactiver la mémoire d’exclusion qu’ils avaient opposée à leurs prédécesseurs pour se faire élire en les jetant entre le mains de la justice ou en braquant l’opinion contre eux à raison de procédures en cours. En clair, nous somme dans une manipulation de l’opinion par une instrumentalisation de la justice ».

Avatar photo
Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News