Sénégal : un audit qui révèle une corruption préoccupante, selon Sonko


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Ousmane Sonlo, Premier ministre du Sénégal
Ousmane Sonlo, Premier ministre du Sénégal

L’un des engagements forts pris par le président Bassirou Diomaye Faye dès son accession à la magistrature suprême en avril 2024 était de mener un audit de l’état économique du Sénégal. Cet exercice de transparence a été confié à Ousmane Sonko, devenu Premier ministre, qui a présenté les conclusions de cet audit, ce jeudi 26 septembre 2024. Entouré de plusieurs ministres, Sonko n’a pas hésité à pointer du doigt la gestion de l’ancien régime. Il a promis de lancer des enquêtes sur la « corruption généralisée » qui, selon lui, a marqué cette période.

« Nous étions loin d’imaginer que la situation était aussi catastrophique », a-t-il déclaré en préambule, dénonçant des choix de dépenses marqués par la « gabegie », et qualifiant la gestion des finances publiques de l’ancien pouvoir de « corruption » et de « favoritisme ». Ousmane Sonko accuse l’ancien régime, dirigé par Macky Sall jusqu’en avril 2024, d’avoir manipulé les chiffres pour dissimuler l’ampleur des dégâts économiques.

Des finances publiques maquillées

Le Premier ministre a décrit une politique d’endettement « effrénée » ayant conduit à une utilisation « non transparente » des ressources publiques. « La corruption généralisée » sous l’ancien régime aurait ainsi permis des détournements massifs de fonds. Sonko n’a pas mâché ses mots, affirmant que le gouvernement de Macky Sall avait « menti » et « tripatouillé les chiffres » non seulement à l’égard des Sénégalais, mais aussi vis-à-vis des partenaires internationaux, tels que le Fonds Monétaire International (FMI).

Des éléments précis ont été avancés par le ministre de l’Économie pour étayer ces accusations. Selon l’audit, alors que l’ancien régime affichait une dette publique représentant 65,9% du PIB entre 2019 et 2023, la réalité serait bien différente : la dette aurait en fait atteint en moyenne 75% du PIB sur cette période. De même, le déficit budgétaire, officiellement annoncé à 5,5%, aurait en réalité grimpé à 10,4% en moyenne sur ces quatre années.

Des poursuites judiciaires en préparation

Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a également pris la parole pour annoncer que des poursuites judiciaires seraient engagées à l’encontre des responsables de ces malversations présumées. Selon lui, les actions de l’ancien régime pourraient faire l’objet de « qualifications pénales » et seront examinées par les autorités judiciaires compétentes. Ces dernières mèneront les investigations nécessaires pour établir les responsabilités et, si besoin, traduire les coupables devant les tribunaux.

Cette démarche judiciaire est jugée indispensable par Ousmane Sonko, qui souligne l’importance de restaurer la confiance des citoyens dans la gestion publique. Alors que le Sénégal se prépare à des réformes économiques profondes, le Premier ministre a prévenu que « les prochains mois seront difficiles ». Cependant, il voit dans cette période de transition une opportunité pour remettre le pays « sur le bon chemin », en adoptant une gouvernance plus transparente et plus rigoureuse.

Un avenir économique incertain mais…

L’audit et les annonces qui en découlent arrivent dans un contexte économique tendu. Le Sénégal, comme de nombreux pays africains, a dû faire face à des défis considérables au cours des dernières années, notamment en raison de la pandémie de Covid-19, des fluctuations des prix des matières premières et des tensions politiques internes. La promesse de transparence et de réformes économiques est perçue comme un message d’espoir.

Ousmane Sonko a conclu sa présentation en rappelant que le gouvernement demanderait des efforts significatifs à la population pour surmonter cette période difficile. Néanmoins, il a réitéré son engagement à faire toute la lumière sur les actes de corruption passés et à garantir que le Sénégal puisse amorcer une nouvelle ère de prospérité basée sur la justice et la transparence.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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