Trois personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue après la mort d’une femme et de son bébé. Le tribunal Grande instance de Kédougou les accuse d’homicide involontaire et complicité en lien avec l’accouchement ayant conduit à ce drame.
Dans un communiqué, Baye Thiam, procureur de Kédougou (Sud-est du Sénégal), estime que les manœuvres du gynécologue pour extraire le bébé ont causé le décès du nouveau-né. «Le billet de mort de l’enfant venait d’être froidement acté par ces «actes dits médicaux» pour ne pas dire «radicaux». Selon M. Thiam, les déclarations spontanées des parties indiquaient que le fœtus à l’arrivée était vivant. Car, dit-il, «le mari, présent à l’accouchement avait posé la question au médecin qui lui a confirmé effectivement qu’il respirait».
Les faits
Le jour de l’accouchement, «la matrone après l’avoir consultée et constatée un affleurement de la tête du bébé a appelé le gynécologue. Ce dernier, arrivé aux environs de 16 heures s’est présenté et a essayé d’accoucher la femme par voie basse jusqu’à faire sortir la tête mais les épaules du bébé étant bloquées peinaient à sortir du fait du volume et ce, contrairement à la volonté de son époux qui lui suppliait de faire une césarienne compte tenu de ses antécédents. C’est ainsi, sans pitié ni sentiment, qu’il a continué de manœuvrer sans même tenir compte de la fragilité du bébé», souligne le procureur.
Selon le maître des poursuites, lorsqu’il s’est rendu compte qu’il était face à un obstacle imparable, le gynécologue «a décidé de procéder à une intervention chirurgicale. Ce qui était trop tard, car la situation était déjà devenue inextricable. Le comble s’est produit une fois au bloc opératoire lorsque le gynécologue ainsi que l’anesthésiste ont délibérément décidé, sans même avoir préalablement consulté le mari de la défunte, de procéder à une hystérectomie, c’est-à-dire une ablation totale de l’utérus».
Lire : Hôpitaux du Sénégal : serment d’Hippocrate ou l’hypocrisie d’un serment
«Ces manœuvres en cascade ont très certainement provoqué une rupture utérine qui a conduit immédiatement au décès de la mère suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque, selon le rapport du Médecin-Chef du District sanitaire de Kédougou transmis au Parquet le 31 août 2022. A l’analyse des faits de l’espèce, une forte négligence médicale ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont été relevés», insiste le procureur.
Baye Thiam d’énumérer :
-D’abord, il ressort de la procédure que la patiente avait accouché par voie césarienne lors de sa dernière grossesse dans ce même district. Ce qui aurait dû dissuader le gynécologue,
compte tenu de ses antécédents avérés, de la faire accoucher cette fois-ci par voie basse.
-Ensuite, la défunte qui était diabétique ne pouvait nullement supporter un accouchement par voie basse vu son poids qui était quasiment à 100 kg.
-Enfin, il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 04 kilo 770 grammes et donc ne pouvait sous quelque acrobatie utilisée sortir par la voie basse.
Il a ainsi justifié l’arrestation des personnes interpellées par la gravité des faits reprochés aux différents praticiens ayant intervenu au cours de l’accouchement. Une affaire qui rappelle le cas d’Astou Sokhna, cette femme ayant perdu la vie dans des conditions similaires à .Louga (Nord du Sénégal). Rappelons en outre que onze bébés ont péri dans un incendie à Tivaouane, il y a peu. Drame qui avait d’ailleurs coûté son poste à l’ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.
Lire : Sénégal : 11 bébés tués dans un incendie, le ministre de la Santé annonce l’ouverture d’une enquête