Le Sénégal est premier en Afrique, au dernier classement FIFA, et ce n’est pas un hasard, car au pays de la Teranga, les jeunes adorent le football qu’ils pratiquent, dans les rues comme dans la cour des maisons. Mais aussi, ces jeunes Sénégalais sont de grands amateurs de ce sport roi et sont prêts à assister aux matchs, quel qu’en soit le prix. Ce sont tout simplement des amoureux fous du ballon rond.
Les jeunes Sénégalais, comme un peu partout dans le monde, adorent le ballon rond. Si les championnats étrangers sont une attraction pour les Sénégalais, le football local aussi est bien prisé et ce ne sont pas les adeptes qui manquent. La moindre compétition de football est une occasion pour les jeunes qui prennent d’assaut les stades pour assister aux matchs. Ceux qui en ont les moyens, se paient un ticket d’entrée pour prendre place dans les gradins et assister aux confrontations. Ce qui n’est pas le cas de tous, notamment certains fans de football, parfois prêts à faire des folies pour assister à un match.
En effet, par exemple, ceux dont les parents ont déjà du mal à joindre les deux bouts, trouvent les moyens d’assister aux matchs, sans bourse délier. « Il m’arrive de me payer le billet et entrer au stade pour assister aux matchs, mais c’est assez rare, car mes parents n’ont pas les moyens de me payer tout le temps e ticket d’entrée au stade. Mon père est menuisier et ma mère tient une petite table devant le domicile familial, leurs revenus ne me permettent pas de me payer le luxe d’acheter un ticket à chaque match qui se joue au stade », confie à AFRIK.COM Tapha Diop, 12 ans, élève dans un CEM de Thiès.
Perché en haut d’un arbre qui jouxte le stade Maniang Soumaré de la Capitale du Rail, le jeune au teint très foncé, avec un sourire large, a dû descendre de son lieu de retrait, à notre arrivée. « Je vous prenais pour des membres de l’organisation. Car il arrive qu’ils nous trouvent ici pour nous interdire de regarder le match à partir de l’extérieur », lance le jeune tout en sueur. Il faisait 19 heures, le samedi 4 septembre, et le thermomètre affichait 31 degrés. Cette forte température n’empêchait pas certains adeptes de trouver le meilleur endroit pour suivre le match depuis l’extérieur du stade.
Si certains étaient accrochés aux branches des arbres, aux abords du stade, avec une belle vue au milieu de l’enceinte, d’autres sont carrément assis sur le mur, au risque de se faire surprendre par les agents des forces de l’ordre et conduits au poste de police. D’autres par contre, se dressent sur leurs motos, pour regarder une partie du match, attirés par les cris des supporters à l’intérieur du stade, pour magnifier un bel exploit ou déplorer un mauvais geste. La plupart, après quelques minutes passées à regarder le match, ils enfourchent leur moto pour vider les lieux. « je voulais voir ce qui s’y passait, lorsque j’ai entendu les cris stridents », lance un jeune, la trentaine révolue, qui avait déjà pris la tangente.
Pour une autre catégorie de spectateurs, leur cas est tout particulier. Apprentis et chauffeurs des cars ayant servi à acheminer les joueurs au stade, il se mettent carrément sur le toit de leur véhicule garé sur un côté de la chaussée, pour assister au match, du début à la fin, sans être inquiétés. Chez eux, c’est la gratuité totale, sans risque. « J’ai une fois été surpris par un policier, alors que j’étais assis sur le mur du stade. Je ne l’avais pas vu venir. J’ai juste senti quelqu’un me tenir par la cheville, et lorsque j’ai regardé, c’était un homme de tenue. J’ai eu la peur de ma vie, ce jour », poursuit Tapha Diop.
« Le béret rouge m’a fait descendre à l’intérieur du stade et m’a menacé de me conduire au poste pour y passer la nuit. Je me rappelle combien je l’avais supplié. Ce jour-là, j’ai même versé des larmes. En fait, je pensais plus à mes parents, car ils allaient me gronder, sachant que je suis allé au stade sans leur permission. Car, ils considèrent que puisqu’ils ne m’ont pas remis de l’argent pour que je puisse me payer le ticket pour entrer au stade, je ne suis pas censé m’y rendre. En pensant à tout cela, je tremblais de peur. Heureusement que le policier a été compréhensif, il m’a laissé partir à la fin du match », narre le jeune élève.
Conscient du risque couru, Tapha a, depuis, décidé de ne plus toucher au mur du stade pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. « C’est là que l’idée de rejoindre ceux qui sont perchés aux arbres m’est venue. Et depuis lors, chaque fois que je n’ai pas de quoi me payer le ticket d’entrée, je grimpe. Là où vous m’avez trouvé est mon coin de prédilection. Et à chaque fois, je me dis que je me ferai prendre un jour. Raison pour laquelle lorsque je vous ai vu vous approcher, j’ai pris peur et je suis vite descendu, craignant que vous étiez là pour moi », indique-t-il dans un éclat de rire.