La vente de carburant semble être un business lucratif au Sénégal, où les stations-services poussent comme des champignons. Afrik.com a tenté d’en savoir davantage qui attire de plus en plus du monde..
Total, Shell, Oilibya, Star Oil, API… L’érection des stations-services se multiplient au pays de la Téranga. Tout porte à croire que le secteur est très juteux, d’autant que l’activité de vente de carburant attire de plus en plus de monde. Seulement, les différents gérants approchés nous confient le contraire. « ‘Contrairement à ce que les gens pensent, ces stations ne rapportent pas grand-chose. On tente juste d’investir dans un secteur espérant survivre avec les revenus tirés de son activité ».
Des stations-services bien aménagées
Une activité qui fait de plus en plus d’émules, « difficile de ne pas croire que ces sociétés pétrolières ne rapportent pas beaucoup d’argent à leur propriétaire. Il suffit de voir comment les gens prennent d’assaut le secteur avec des stations érigées à tout bout de champ pour comprendre que ce secteur marche fort. Autrement, on n’aurait pas cette pléthore de compagnies pétrolières installées au pays. On sait que des géants comme Total ou Shell ne traînent pas là où il n’y a rien », confie Moussa Ndao, économiste.
« Si vous vous voyez aujourd’hui, il y a une nouvelle tendance : les grandes stations bien aménagées, avec toutes les commodités. Les gérants commencent même à y installer des salles d’attente climatisées avec Wifi et rafraîchissements. Histoire de lettre le client à l’aise. Mais tout cela a un coût. Ce sont des gros investissements faits dans le secteur avec des extensions coûteuses. Si le secteur n’était pas juteux, je pense que peu de géants le fréquenteraient », poursuit notre analyste du jour.
Un secteur juteux qui draine du monde
A la question de savoir si c’est seulement l’État qui y gagne, pour reprendre la version des gérants de station-service, M. Ndao rejette en bloc. « Si c’est seulement qui se frottait les mains, comme je vous l’ai dit tantôt, les acteurs allaient déserter le secteur. Soyons plus sérieux. Ce secteur fait partie de ceux qui rapportent le plus au Sénégal; Et vous pouvez constater que les stations-services, il en pousse un peu partout, comme des boutiques de quartier ».
Un secteur juteux qui draine du monde, mais qui est décrié par nombre de Sénégalais qui trouvent que le prix du carburant est trop élevé. Comme ce chauffeur de taxi, trouvé à la pompe. « Le carburant coûte trop cher au Sénégal. Vous vous rendez compte, l’essence est vendue à 990 FCFA le litre alors que le gasoil coûte 755 FCFA. C’est trop cher. Ces gens font trop de profit sur notre dos », déclare Babou Cisse, sexagénaire, vêtu d’un kaftan grisâtre, bonnet noir assorti à ses babouches en cuir.
Au Mali, le carburant coûte moins cher
L’homme, qui conduit une voiture de transport communément appelée « Sept places » (Peugeot 505), ne cache pas sa colère. « Imaginez que le carburant coûte beaucoup moins cher au Mali, alors qu’il provient du Sénégal. Les Maliens paient le carburant pour le transport, achètent des camions citernes, font des investissements lourds. Au final, ils vendent chez eux le carburant à un prix moins élevé. Alors qu’ils achètent ce carburant ici au Sénégal. C’est inadmissible », insiste l’homme.
Les gérants des stations-services du Sénégal font-ils autant de bénéfice sur le dos des usagers ? La réponse est quasi-unanime. « On tente tout juste de s’en sortir. Ici, aucun secteur n’est plus juteux que l’autre », nous servent la plupart des gérants interpellés. Seulement, difficile de croire en cette version, vu la façon dont les stations-services poussent dans le pays.