
Au Sénégal, plus de 3000 salariés licenciés dénoncent des suppressions de postes jugées arbitraires et appellent l’État à intervenir.
Le Sénégal connaît, depuis quelques mois, une vague de licenciements massifs qui touche aussi bien les administrations publiques que des entreprises d’État. Le Rassemblement des Travailleurs du Sénégal (RTS), un nouveau collectif syndical, s’insurge contre ce qu’il considère comme des purges politiques déguisées en suppressions économiques. Face à cette situation, les travailleurs affectés demandent des comptes aux autorités et exigent des mesures immédiates pour protéger leurs droits.
Des licenciements massifs dans plusieurs secteurs
Plus de 3000 salariés ont perdu leur emploi dans diverses institutions publiques et entreprises d’État, selon le RTS. Parmi les structures les plus touchées figurent le Port autonome de Dakar, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), la Loterie nationale du Sénégal (Lonase) ainsi que l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD).
Ces licenciements, officiellement motivés par des raisons économiques, suscitent de vives réactions au sein du collectif. « Ces mesures ne sont qu’un prétexte pour écarter les travailleurs liés à l’ancien régime », accuse Mamadou Fall, ancien superviseur des sites au CDC-Habitat. Selon lui, de nombreux employés licenciés étaient des proches de l’Alliance pour la République (APR), le parti de l’ex-Président Macky Sall.
Des travailleurs en détresse face à l’injustice
Pour de nombreuses familles, ces licenciements ont des conséquences dramatiques. « Nous nous retrouvons sans ressources du jour au lendemain, alors que nous avons des crédits, des loyers à payer et des enfants à nourrir », témoigne un employé licencié du Port autonome de Dakar. Le RTS pointe également du doigt d’autres pratiques jugées abusives, telles que des rétrogradations forcées et des rétentions de salaires.
Dans ce contexte, le collectif a organisé une conférence de presse où son coordonnateur, Boubacar Fall, a dénoncé « des violences flagrantes contre les travailleurs et une atteinte à leur dignité ». Il appelle le gouvernement à revoir sa politique et à réintégrer les employés injustement licenciés.
Une rationalisation des dépenses publiques contestée
Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités sénégalaises justifient ces licenciements par la nécessité de réduire les dépenses publiques et de restructurer certaines entreprises d’État jugées déficitaires. L’AIBD, par exemple, a déjà réduit ses effectifs de 938 à 872 employés, et d’autres suppressions de postes sont en discussion.
Cependant, pour le RTS et les salariés licenciés, cet argument ne tient pas. « Si les nouveaux dirigeants ne trouvent pas d’autres solutions que de licencier massivement, c’est qu’ils ne sont pas à la bonne place ou qu’ils veulent simplement faire de la politique », estime Boubacar Fall.
L’État interpellé et des revendications fortes
Face à la grogne sociale grandissante, le RTS exige une prise de position claire des autorités. Le collectif demande la réintégration immédiate des salariés injustement licenciés et un dialogue ouvert avec le gouvernement pour éviter d’autres suppressions d’emplois.
En parallèle, il en appelle aux partenaires techniques et financiers du Sénégal pour soutenir les travailleurs en difficulté, notamment en cette période de Ramadan où les besoins sont encore plus pressants.