Une plainte a été déposée, lundi, contre Paul Mwilambwe au Sénégal, l’un des responsables présumés dans l’affaire Chebeya-Bazana, par la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et des familles de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Cela fait quatre ans que les deux défenseurs des droits de l’Homme congolais ont été assassinés.
Une plainte avec constitution de partie civile à été déposée au Sénégal, lundi, contre Paul Mwilambwe, l’un des responsables présumés dans l’affaire Chebeya-Bazana, par les avocats de la FIDH et des familles de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Elle fait suite à une plainte simple, déposée le 10 janvier 2014, restée sans réponse.
« En l’absence de procédure équitable menée dans un délai raisonnable en République démocratique du Congo, nous avons déposé cette plainte au Sénégal, afin qu’une enquête impartiale et indépendante puisse être ouverte et que toute la lumière soit faite sur l’assassinat et la disparition forcée dont ont été victimes Floribert Chebeya et Fidèle Bazana », a déclaré Me Assane Dioma Ndiaye, avocat de la FIDH et des familles Chebeya et Bazana.
La compétence extra-territoriale
« Nous avons saisi la justice sénégalaise, car Paul Mwilambwe se trouve au Sénégal et qu’en vertu de la loi sénégalaise, la justice de ce pays est compétente (…) pour juger ces crimes dans lesquels Paul Mwilambwe semble impliqué », a déclaré Patrick Baudouin, président d’honneur et responsable du GAJ de la FIDH.
Le 10 janvier dernier, une plainte avaient déjà été déposée contre Paul Mwilambwe pour crime de torture, sur la base de la loi sénégalaise dite de compétence extra-territoriale qui intègre la Convention des Nations-Unies contre la torture. Cette plainte est restée sans réponse. Devant l’inaction du parquet sénégalais saisi depuis janvier, la FIDH et les familles portent plainte en se constituant cette fois partie civile.
L’implication de hauts gradés de la police congolaise
Paul Mwilambwe était en charge de la sécurité du bureau du général John Numbi, le chef de la Police nationale congolaise (PNC) dans les locaux où ont été assassinés Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Peu après les faits, Paul Mwilambwe a pris la fuite, avant de se rendre au Sénégal. Il avait témoigné devant la caméra de France 24 et dénoncé, outre sa participation, l’implication de hauts gradés de la police congolaise, dont le général John Numbi, dans ce crime.
« Cette plainte constitue, pour nous, un grand espoir de vérité et de justice qui nous sont refusés au Congo où la justice est enlisée. Je veux savoir où se trouve le corps de mon mari et je veux pouvoir l’enterrer dignement », a déclaré Marie-José Bazana, l’épouse de Fidèle Bazana, dont le corps n’a toujours pas été retrouvé.
Le 2 juin 2010, Floribert Chebeya, directeur exécutif de l’ONG la Voix des sans voix (VSV) était retrouvé mort dans sa voiture, dans un faubourg de Kinshasa, alors que Fidèle Bazana, son proche collaborateur, était porté disparu. La veille, les deux défenseurs des droits humains s’étaient présentés à la Direction de la PNC pour y rencontrer son directeur, l’Inspecteur-général et général John Numbi. Ils n’en sont pas sortis vivants.
avec African Press Organization (APO)