Au Sénégal, l’élection présidentielle, prévue le 25 février prochain, vient d’être reportée à une date ultérieure. Tel en a décidé le Président Macky Sall.
Comme l’annonçait Afrik.com, il y a deux jours, les élections présidentielles au Sénégal ont été reportées sine die. S’adressant à la Nation, ce samedi 3 février, à quelques heures du début de la campagne électorale, le Président Macky Sall a annoncé abroger le décret sur la convocation du corps électoral. De facto, le chef de l’État sénégalais reporte la tenue de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février 2024.
Comité d’enquête pour auditer le Conseil constitutionnel
Mercredi, une commission d’enquête parlementaire sur le processus de sélection des candidats a été votée. Le vote des députés en faveur de la création de ce Comité d’enquête pour auditer le Conseil constitutionnel était déjà évocateur des intentions du régime. Cette décision des élus sénégalais faisait suite une contestation après l’invalidation de plusieurs candidatures à l’élection présidentielle.
L’adoption du texte à 120 voix pour et 24 contre faisait comprendre que le parti au pouvoir, majoritaire au Parlement, avait donné son onction. Une initiative prise après une série d’accusations de corruption contre certains juges du Conseil constitutionnel. Ainsi a été mis sur pied le comité d’enquête, composé de onze députés. Il fallait enquêter sur le mode de sélection des candidats par le Conseil constitutionnel.
« Une enquête sur le travail du Conseil constitutionnel »
Beaucoup de candidats déploraient l’opacité autour du fichier électoral, en plus de condamner les motifs de la mise à l’écart de plusieurs candidats. Le rejet de la candidature de Karim Wade avait poussé le PDS (Parti démocratique sénégalais) à saisir le Parlement. « Il fallait absolument une enquête sur le travail du Conseil constitutionnel », avait déclaré Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire du PDS.
Estimant que « Karim Wade a été injustement écarté de la compétition électorale. 900 000 électeurs inconnus du fichier, neuf candidats écartés du jeu », Mamadou Lamine Thiam avait lancé : « nous pensons qu’on ne peut pas aller à des élections dans ces conditions ». Un motif valable pour contraindre Macky Sall à reporter les élections ? En tout cas, le chef de l’Etat sénégalais vient de décréter le report.
« Report des élections, arrêt du processus électoral »
Pourtant, la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (YAW) avait anticipé que la résolution stipulait « un report des élections, un arrêt du processus électoral ». Non sans mettre en garde : « Nous n’allons pas nous associer à quelque chose, même si elle est irréaliste ». Alors que le parti au pouvoir avait rassuré en ces termes : « Nous n’avons pas parlé de report, nous parlons de recherche de paix pour éclairer l’opinion ».
Hier vendredi, la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal (LIPS), évoquant « la mise en place d’une commission d’enquête sur la corruption présumée de juges du Conseil Constitutionnel et l’agitation du report présumé des élections présidentielles », a appelé le Président à « apprécier la situation à sa juste valeur et à éviter toute décision qui pourrait exposer notre pays à un risque d’instabilité ».
Macky Sall s’adjuge un « mandat cadeau »
La Ligue avait en outre demandé au chef de l’État de veiller à l’organisation d’élections libres et transparentes. « A quelques heures du début de la campagne présidentielle, notre pays n’est victime d’aucune menace grave, ni sur ses institutions, ni sur la Nation, ni sur l’intégrité de son territoire et toute tentative de report des élections serait porteuse de risques inutiles ».
Pour la Ligue, « le Sénégal étant stable à tous égards et se dirigeant tout droit vers des élections, la décision la plus sage pour le chef de l’État serait de tout mettre en œuvre pour assurer la tenue d’élections libres et transparentes ». Sauf que les jeux semblent faits. Macky Sall vient de décrocher un « mandat cadeau » en reportant la Présidentielle sine die.