Abdoulaye Baldé, président de l’association des maires du Sénégal (Ams), par ailleurs ancien ministre d’Etat, ministre des mines et de l’Industrie dans le défunt régime libéral, a accordé une interview exclusive à Afrik.com. Il est revenu largement sur les conditions difficiles auxquelles il est confronté depuis son interdiction de sortie du territoire national dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis.
(De notre correspondant à Dakar)
Dans cet entretien, l’ancien haut responsable du Pds a une nouvelle fois marqué ses distances avec ses anciens camarades libéraux et réitéré son intention de se présenter à la prochaine Présidentielle.
Afrik.com : Vous faites partie des personnalités à qui le régime en place a interdit de sortir du territoire national, dans le cadre de la traque aux biens supposés mal acquis. Quelles sont les conséquences de cette mesure sur vos activités ?
Abdoulaye Baldé : Ça a énormément impacté négativement sur mes activités de président de l’Association des maires du Sénégal. Je suis invité un peu partout dans le monde, en tant que président de l’Ams ou bien dans le cadre de la coopération décentralisée, pour ce qui concerne la ville de Ziguinchor dont je suis le maire, mais, je suis bloqué. L’Union européenne m’a invité à deux reprises pour des rencontres très importantes pour le pays, mais je ne pouvais pas partir, pour des raisons que vous savez. Depuis un an, on nous interdit de sortir du territoire national, cela n’existe dans aucun pays au monde. C’est un précédent dangereux. Aujourd’hui, si je dois voyager sur Ziguinchor, je dois prendre forcément l’avion pour ne pas passer par la Gambie. Et les frais de transport, c’est eux qui doivent me les rembourser ? Mon exercice d’élu local est entravé. Malheureusement, tout le monde regarde et observe avec beaucoup de duplicité cette question.
Afrik.com : Vous faites allusion à qui ?
Abdoulaye Baldé : Je pense que tous les défenseurs des droits de l’Homme ou toutes les personnes préoccupées par le respect des droits humains devraient se préoccuper de cette question. J’interpelle tout le monde. Et je considère que la question des droits de l’Homme doit être respectée, surtout la présomption d’innocence. Aussi, faut-il respecter les décisions de la Cedeao, qui nous a donné raison, en fustigeant cette interdiction. Mais depuis lors, on fait la sourde oreille et c’est comme si c’est une conspiration générale. Tout le monde pense que cela est tout à fait normal, alors que nous sommes en train d’assister à une flagrante violation des droits de l’Homme. Un des premiers actes de respect de la bonne gouvernance, c’est le respect des décisions de justice. Mes collègues africains sont en train de s’organiser pour interpeller le gouvernement sénégalais sur cette question qui est fondamentale.
Afrik.com : Dans le fond, on vous soupçonne d’avoir acquis illicitement des biens. Quelle est votre ligne de défense ?
Abdoulaye Baldé : C’est un prétexte fallacieux de dire que nous avons des comptes bancaires à l’étranger bourrés de milliards. Ils n’ont qu’à amener cet argent. On nous accuse d’avoir des biens mobiliers. Moi en ce qui me concerne, je n’ai aucune maison à l’étranger ni de compte bancaire. Je le dis et je le répète, jusqu’à l’extinction du soleil, ils ne trouveront rien contre moi. Tous mes biens se trouvent au Sénégal. Ce gouvernement cherche plutôt à liquider des adversaires politiques. Des gens qui pouvaient être des concurrents sérieux à la prochaine Présidentielle de 2017. Pourquoi je le dis ? Parce qu’ils ont choisi quelque 7 personnes et les autres, on leur demande d’aller là où ils veulent. Je considère qu’ils sont en train de piétiner la loi fondamentale du pays. Je demande à ceux qui pilotent cette affaire de se ressaisir, parce que seul le pouvoir de Dieu est éternel. Il se peut qu’en 2017, ils se retrouvent dans l’opposition.
Afrik.com : Le Président Abdoulaye Wade appelle à la réunification de la famille libérale. Etes-vous partant ?
Abdoulaye Baldé : Non (sèchement). Le Pds et moi, c’est fini ! Et je ne fais plus partie de la famille libérale, je suis devenu centriste. Je n’ai pas été nommément cité ni invité à rejoindre cette grande famille libérale. Mais, je n’exclus pas des alliances où je ne serais pas figurant.
Afrik.com : Le Président Abdoulaye Wade a appelé tous ceux qui ont eu à travailler avec lui. Donc, vous êtes concerné par cet appel.
Abdoulaye Baldé : Il y a une manière d’interpeller des gens et de respecter les différentes composantes de cette famille libérale. Ne citer que deux à trois personnes, en considérant que les autres sont des quantités marginales… Je suis en train de mener un combat avec ma nouvelle formation politique, l’Union des centristes du Sénégal.
Afrik.com : Etes-vous candidat à la prochaine Présidentielle ?
Abdoulaye Baldé : Oui, je suis candidat. Parce que j’ai une masse qui me suit.