Le Président du Sénégal, Macky Sall, s’est envolé pour la France, au moment où le feu couve dans son pays. En cause, le vote sous haute tension, ce jeudi 19 avril 2018, d’une loi sur le parrainage lors de la Présidentielle de 2019. L’opposition a promis de descendre dans la rue, là où les autorités menacent de sévir.
A Dakar,
Cela craint au Sénégal ! La loi très contestée sur le parrainage lors de la Présidentielle de 2019 doit passer à l’Assemblée nationale, ce jeudi 19 avril 2018. L’opposition, qui conteste cette loi visant à modifier une partie de la Constitution sénégalaise, a menacé de descendre dans la rue pour protester.
Alors que Macky Sall s’est envolé pour la France « avec sa famille », l’opposition, avec à ses côtés le célèbre mouvement « Y en A Marre », menace de faire face et d’assiéger la place Soweto où se trouve l’Assemblée nationale. A la veille de ce vote à hauts risques, la tension est vive au Sénégal. L’opposant Malick Gackou du Grand Parti a appelé les population à « faire face ». « Je suis prêt à y laisser ma vie. Si mon sang doit couler pour défendre les institutions de mon pays, alors il coulera », a mis en garde l’ancien compagnon de Macky Sall, à ses premières heures de règne. Aux côtés de Gackou, toute l’opposition sénégalaise est mobilisée pour « dire stop à Macky Sall ».
Silence « complice » des foyers religieux
A Dakar, comme à Thiès, la police sonne la mobilisation. Les voitures de police font des navettes, qui pour aller chercher des renforts dans la Capitale du rail (Thiès), qui pour dissuader les populations de descendre dans la rue, ce jeudi 19 avril 2018. La grosse inquiétude reste le silence « complice » des foyers religieux. « je ne comprends pas que Touba et Tivaouane se taisent sur cette situation explosive. Si Mame Abdoul Aziz Sy était encore en vie, il se serait prononcé sur cette situation grave. Je me demande à quoi servent ceux qui l’ont succédé à la tête de la confrérie. Tout le monde se demande pourquoi le silence des autorités religieuses. Surtout que le nouveau khalife annonce son soutien au Président Sall. Il a trahi la conscience de Mame Abdoul Aziz Sy », se désole Fama Niang, commerçante.
Un 23 juin bis ?
Certains redoutent le pire lors de cette journée qui renvoie au 23 juin 2011, alors que Me Abdoulaye Wade, alors Président de la République, voulait modifier la Constitution, via un loi soumise à l’appréciation de l’Assemblée nationale. Ce jour, les populations ont investi la Place Soweto, contraignant le chef de l’Etat d’alors au retrait de cette loi. A l’époque, rappelle le quotidien sénégalais Dakar Times, Macky Sall, alors dans l’opposition, avait servi : « Si le Président Wade oser toucher à la Constitution, alors nous le trouverons au Palais présidentiel pour le bouter dehors ». Ironie du sort, c’est ce même Macky Sall, aujourd’hui Président de ce pays d’Afrique de l’Ouest qui singe son prédécesseur. Malgré les multiples appels à la retenue, notamment les imams du Sénégal qui appellent le président de la République à tout simplement retirer le texte, le temps de rencontrer les leaders de l’opposition, Macky Sall campe sur sa position.
Mâter du Sénégalais
Reste à savoir jusqu’où Macky Sall est prêt à aller. Lui « qui a jeté en prison deux maires » : celui de Dakar, Khalifa Sall, par ailleurs son challenger annoncé. Et tout récemment le maire de Sacré-Cœur Mermoz, Barthélémy Dias. Toutes les attentions sont rivées sur l’Assemblée nationale, où l’actuel président de l’institution, Moustapha Niasse, s’était dressé, un 23 juin de l’An 2001, une grosse pierre en main (voir photo), pour barrer la route à la loi proposée par Me Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, l’histoire bégaie. Macky Sall, qui suit les évènement depuis la France, aux côtés d’Emmanuel macron, Président français, va-t-il faire mâter du Sénégalais ? Réponse dans quelques heures.
A propos du parrainage
Le parrainage pour une élection est défini par les juristes comme un mode de sélection pour valider une candidature par la signature d’un nombre défini de citoyens ou d’élus.
Le gouvernement du Sénégal a introduit une nouvelle loi sur le parrainage qui sera élargi à tous les partis politiques. Ce projet de loi exige des différents candidats, sans exception, d’être tout d’abord inscrits sur le fichier électoral et d’obtenir le parrainage de 1% du corps électoral. Ce qui représente un peu moins de 70.000 signatures dans au moins sept régions, soit un minimum de 2000 parrainages par région pour éviter toute sorte de régionalisme.
Si selon l’opposition sénégalaise, le pouvoir en place essaie de « bloquer » les candidatures de potentiels adversaires politiques pour permettre au Président Macky Sall de gagner les élections au premier tour, le gouvernement justifie en indiquant que le parrainage va permettre aux électeurs de faire un choix éclairé et d’éviter les candidatures régionalistes.