Un fait rarissime s’est produit à 65 km de la capitale sénégalaise. Deux hommes en moto ont été cueillis par un chauffeur de taxi. Sur la chaussée, gisait u seul corps. Alertés, les sapeurs pompiers de Thiès sont venus recueillir le seul accidenté apparent, laissant sur place l’autre personne qui a été retrouvée morte, deux jours après.
(De notre correspondant à Dakar)
Les faits se sont déroulés dans la nuit du mercredi au jeudi, à Allou Kagne, une zone située à 5 km de Thiès (70 km de Dakar). Deux hommes roulaient tranquillement en moto, lorsqu’ils ont été percutés frontalement par un taxi qui venait en sens inverse. Inutile de le dire, le chauffeur dormait au volant. Les quatre autres occupants du taxi étaient aussi dans les bras de Morphée.
Au moment de l’impact, seuls les deux occupants de la moto étaient conscients. Mais ils ne pourront jamais raconter comment ils ont été percutés, puisque les deux sont morts. Ce qui est sûr, celui qui était visible sur le trottoir était mort sur le coup, complètement endommagé. Quand au second, il a été abandonné sur place par des sapeurs pompiers qui, visiblement, n’avaient pas délimité un périmètre de recherche pouvant leur permettre de faire l’état des lieux pour voir s’il n’y a pas d’autres blessés. Car une voiture aurait même pu aller dans le décor en voulant éviter le choc. Bref, l’individu a été donc été oublié sur place. Mort ou vivant, personne ne sait. Il a fallu attendre vendredi pour que des bergers retrouvent son corps sur le lieu de l’accident.
Son passage, sans cortège, ayant coïncidé avec l’accident, le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, Benoît Sambou, qui a été le premier sur place avant le passage du journaliste d’Afrik.com qui se rendait à quelques encablures de l’accident, a fait le nécessaire. Il a en effet insisté pour faire venir les secours dans les plus brefs délais avec des coups de fils incessants, donné des instructions pour que le corps endommagé soit recouvert avant l’arrivée des secours et pris le soin de dire à ses hommes (au nombre de quatre) de sécuriser les endroits où le danger planait encore (l’accident avait lieu au niveau d’un virage). Mieux, il a demandé à ce que les « témoins » qui étaient dans le taxi restent sur place, car ils ont voulu s’en aller. Ce qui est une chose assez rare et qu’Afrik.com a tenu à souligner, car au Sénégal, les autorités ont tendance à considérer les populations pour des moins que rien.
Bref, sauf que lorsque les secours sont arrivés et que le ministre ait quitté les lieux, le travail n’a pas été suivi. Les sapeurs, sans faire l’état des lieux ont juste embarqué l’accidenté qui était visible, laissant le second sur place, pendant près de 48 heures. Le second motard, retrouvé vendredi matin et qui habite le quartier Randoulène de Thiès, a été inhumé le vendredi soir, à la grande consternation, amertume et tristesse de sa famille qui n’a pu comprendre comment est-ce que les sapeurs pompiers ont pu l’oublier sur place. « Il était peut-être encore vivant après l’accident et aurait pu être sauvé », s’est exclamé un des amis de l’accidenté, les larmes aux yeux.
La seule chose qui est sûre est que le jeune Algasse, marchand ambulant de sont état et qui fréquentait le garage du vieux Ndiambal Thiaw, est mort dans des conditions atroces, avec deux jours passés dans les herbes basses d’Allou Kagne. Ses parents espèrent seulement qu’il était mort juste après l’impact et n’osent pas s’imaginer une seconde sa souffrance au cas où il aurait été vivant après l’accident.