Sénégal : les rues de Dakar toujours vides dix jours après la Tabaski


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Le rond-point Colobane à Dakar
Le rond-point Colobane à Dakar

Plus d’une semaine après la fête de l’Aïd el-Adha, communément appelée Tabaski, les rues de la capitale sénégalaise sont toujours vides, contrastant avec les grandes affluences habituelles. Les populations retournées dans leur terroir pour célébrer la fête n’ont toujours pas regagné la capitale.

Dakar, la capitale du Sénégal, a momentanément rompu avec les embouteillages monstres. Ce, à la veille même de la Tabaski. La fête dite du mouton, célébrée par plus de 95% de la population, est passée par là. La capitale de ce pays d’Afrique de l’Ouest étant sous le coup d’un exode rural massif. En effet, comme le souligne cette femme, la cinquantaine, « quasiment personne n’habite à Dakar. La plupart viennent ici pour travailler ».

Que cela soit dans le transport, le commerce, nombre de personnes vivant à Dakar viennent des régions. Pour le transport, ils sont le plus souvent originaires du Nord du pays, alors que les populations du centre, notamment du Baol, sont plus actives dans le commerce. « Pendant la fête de Tabaski, ils sont là jusqu’au petit matin, avant de prendre la route pour rallier leurs différentes contrées », poursuit la dame, foulard bien noué sur la tête.

Pas d’embouteillages à Colobane, Malick Sy et sur le Corniche

Véhicules particuliers, bus de transport en commun, taxis, il n’y a presque plus de voitures dans la circulation dakaroise. Que cela soit au rond-point Colobane, l’avenue Malick Sy ou la corniche, des points connus pour représenter un calvaire pour les automobilistes, pas l’ombre des habituels bouchons. « Ah, si Dakar pouvait rester ainsi », s’exclame Nafi Niang, 23 ans, native de la capitale sénégalaise. « Actuellement, on respire mieux. On retrouve notre belle ville », poursuit-elle, soupirant comme sil elle humait l’air de la liberté.

« Nous en avons encore pour au moins un mois avant que nous ne soyons encore envahis dans notre milieu. C’est dommage que les rues ne soient pas tout le temps aussi moins fréquentées », déplore la jeune femme aux lunette de soleil. Pourquoi Dakar est si densément peuplé en temps normal ? « C’est à cause d’une mauvaise politique de nos dirigeants », campe Ndiaga Samb, enseignant-chercheur. Il tire à boulets rouges sur les ex-Présidents du Sénégal.

Fixer les populations au niveau de leurs différents terroirs

« Sous Léopold Sédar Senghor, on peut comprendre, car la population n’était pas aussi importante. Mais sous Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et surtout Macky Sall, il fallait impérativement décentraliser certains ministères. De facto, les entreprises. Cette méthode allait aider à décongestionner Dakar. Car elle allait permettre de fixer les populations au niveau de leurs différents terroirs. Mais, ils ne l’ont pas fait. Et voilà les conséquences », déplore l’homme, la quarantaine, verres correcteurs du fait d’une myopie.

Le jour de la Tabaski comme au lendemain, Dakar était une ville déserte. Au fil des jours, la capitale sénégalaise recommence à accueillir du monde. Un flux modéré des populations qui regagnent petit à petit leur lieu de travail. Il faudra encore plusieurs semaines avant que la ville ne retrouve ses anciennes habitudes. Notamment les embouteillages, le vacarme et surtout l’indiscipline des motocyclistes dans la circulation.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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