La section de recherche de la gendarmerie est toujours à la recherche des origines des biens de l’ancien ministre Karim Wade dont les avoirs sont estimés à plus d’une centaine de milliards de FCFA par l’Etat. Certains chefs d’entreprises, proches de Karim Wade sont en train d’être auditionnés.
(De notre correspondant)
Apres avoir entendu Karim Wade à quatre reprises, la section de recherche de la gendarmerie de Dakar se lance à la trousse de ses proches. Selon les informations fournies par l’Etat du Sénégal, c’est grâce à la collaboration des Etats-Unis et de la France, qu’une immense fortune a été découverte dans des banques d’où la nécessité de réentendre Karim Wade, fils de l’ancien président de la république Abdoulaye Wade.
Ses proches dans le viseur des enquêteurs
La section de recherche de la gendarmerie a déjà entendu trois journalistes. Il s’agit de Cheikh Diallo, président de groupe de presse CD-Media, Vieux Aidara, directeur de la télévision privée Canal infos News et Madior Sylla, ancien présentateur de la télévision nationale et chargé de la communication de Karim Wade. Ils ont été auditionnés par les gendarmes sur leurs relations avec le fils de l’ancien président du Sénégal pour savoir s’ils avaient bénéficié de ses largesses. Ces derniers avaient joué un rôle important dans la communication de Karim Wade durant ces cinq dernières années.
Certains hommes d’affaires comme le milliardaire Ibrahima Khalil Bourgie dit Bibo passe ce mercredi à la section de recherche de la gendarmerie. Il aurait été un des soutiens de Karim Wade. Abass Jaber, directeur de la société nationale de la commercialisation de l’arachide, est aussi soupçonné d’avoir mis en location son Jet privé à Karim. Son ami, Patrick Williams, a également été entendu. selon la presse sénégalaise, il a été interpellé au moment où il s’apprêtait à prendre le vol pour la France. Toutes ces personnes sont sommées de ne pas quitter le territoire national. Les enquêteurs de la gendarmerie pensent qu’elles ont été financées par Karim Wade dans le montage financier de leurs sociétés.
105 milliards contre 8 milliards FCFA
Selon des sources proches de l’enquête, la fortune de Karim Wade est estimée à plus de 105 milliards FCFA (160 071 468 euros). Devant les enquêteurs, il nie posséder cette somme dans ses comptes et parle plutôt de 8 milliards FCFA (12 195 921 euros). Pour justifier ses avoirs, Karim Wade aurait indiqué qu’une bonne partie de son patrimoine lui serait offerte par son père Abdoulaye Wade. Pour retrouver le manque à gagner, les enquêteurs se sont tournés vers ses proches et ses biens immobiliers de Dakar, France, et des pays du Golf. Le commandant Cheikh Sarr et ses hommes, qui travaillent avec le procureur spécial auprès de la cour de répression de l’enrichissement illicite Alioune Ndao, ont donné rendez-vous à Karim Wade pour le 6 décembre prochain, dans le cadre d’une cinquième audition.
Le gouvernement du Sénégal, par la voix du Premier ministre Abdoul Mbaye, ne compte pas reculer dans cette procédure de rapatriement de fonds. D’ailleurs, un pool d’avocats de nationalités sénégalaise et française est mandaté par l’Etat. Pour le ministère de la Justice « la lutte contre le blanchiment d’argent, les enrichissements illicites, la corruption, les détournements et autres abus sur les deniers publics constitue, constituant un axe central de la politique de bonne gouvernance du président Macky Sall ».
Le parti démocratique sénégalais (PDS), l’ancien parti au pouvoir, dont ses responsables sont visés par cette mesure, considère cette justice sélective et répréhensible. A en croire le coordinateur national du PDS, Oumar Sarr, « une demande de marche sera déposée à la préfecture de Dakar pour une marche pacifique pour dénoncer l’instrumentalisation de la justice par le gouvernement du président Macky Sall ». Cette marche aura lieu avant la fin de cette semaine.