Le Sénégal enregistre une hausse des prix de beaucoup de denrées, importées comme produites localement. Il ne se passe plus un jour, sans que des prix grimpent, au grand désarroi des populations, qui ne savent plus où donner de la tête.
Le riz, l’huile, le sucre, la tomate et même les légumes ne sont pas épargnés par la flambée des prix au Sénégal où, de jour en jour, « le marché devient de plus en difficile, face à une conjoncture que tout le monde connaît ». Un tour effectué au marché central de Thiès, ce samedi après-midi, a permis à AFRIK.COM de recueillir quelques témoignages d’acteurs qui se renvoient la balle.
Samedi 11 décembre 2021, il est 18h17. Le marché central de Thiès, non loin de la gare ferroviaire, comme à ses habitudes, affiche le plein. Il grouille de monde. Qui venu pour vendre, qui d’autre pour acheter. C’est l’embouteillage partout : sur la chaussée comme sur le trottoir. Difficile de se frayer un passage. La plupart des étals étant disposés sur les trottoirs que doivent emprunter les piétons pour se déplacer. Un désordre indescriptible. Dans ce désordre, certains se retrouvent. C’est le cas de Mass, un jeune commerçant, spécialisé dans la vente de légumes.
« Avant-hier seulement, je l’ai acheté à 800 FCFA et là tu me parles de 1 000 FCFA. Je pense que vous les commerçants cherchez à nous égorger. Chaque jour que Dieu fait, vous augmentez les prix des denrées. Impossible de venir au marché et de ne pas constater que les prix de la veille ou de l’avant-veille ont été majoré », déplore une cliente debout devant l’étal, qui voulait acheter un kilo d’oignon vert. Mais Mass renvoie la balle aux cultivateurs. « Ce n’est pas à notre niveau que les prix varient, plutôt au niveau des producteurs. Nous n’avons pas le choix », rétorque le jeune vendeur, la trentaine, bonnet bien vissé sur le crâne.
« Ecoutez-le parler ! Il se démarque comme s’il n’était pas responsable de cette hausse. C’est vrai que les producteurs sont souvent à la base de la hausse des prix, mais vous aussi, les commerçants, vous avez votre grande part de responsabilité dans cette cascade de hausse des prix. Le marché devient de plus en difficile, face à une conjoncture que tout le monde connaît. Plus rien ne marche et les revenus ont fortement baissé », reprend une autre cliente, juste à côté. « Je vous dis que ce n’est pas de ma faute, c’est niveau des producteurs », reprend Mass, coupé par une cliente : « vous cherchez trop de profit et c’est ce qui nous fatigue ».
« Le problème est que tous les prix ont flambé. Je ne sais pas d’où ça vient et impossible de situer les responsabilités. Le gouvernement ne fait aucune communication, sur la question. On laisse les Sénégalais à eux-mêmes, partout malmenés au gré des commerçants. C’est inadmissible », déplore Moussa Ly venu faire ses emplettes au marché central. « Aujourd’hui, il faut faire beaucoup de calculs pour espérer jongler avec ses maigres moyens, jusqu’à la fin du mois. Car tout est cher. Et les revenus ont baissé. La situation devient de plus en plus critique », ajoute-t-il.
Maïmouna Diouf ne dit pas le contraire, elle qui dit venir du « magasin où elle a l’habitude de faire ses achats. Tout augmente. Je ne sais pas si c’est au gré des commerçants ou de l’Etat qui a mis des taxes supplémentaires, mais ce que je sais et que je déplore, les prix fixés deviennent excessifs. Imaginez la boîte de tomate concentrée, jadis vendue à 1000 FCFA, qui est passé à 1300 FCFA. Ce n’est pas normal. Même le saucisson qui coûtait environ 1 500 FCFA la barre est passé à plus de 2 000 FCFA. C’est vraiment exagéré », déplore la bonne dame.